Evidence

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Exposition universelle ....

 

 

 

 

    Cette fois cette foire serait bien exceptionnelle, et elle durerait peu de temps. 
    Il y avait tant de choses répulsives qui seraient exposées comme ça, en plein air, à la vue de tous et à la connaissance de chacun. 
    On vérifiait l’étanchéité des parcs parce que rien ne devait déborder car ce serait évidemment la panique si des horreurs pareilles devaient affecter le public et il fallait à tous prix l’en préserver. 

    Les premiers cris d’horreurs furent poussés par les premiers arrivants. Ils étaient des visiteurs ordinaires qui aimaient les visites et le tourisme. 
    Mais là c’est la première fois qu’ils voyaient cette chose toujours cachée, d’ordinaire, ou tellement enveloppée dans de trop apparentes apparences. 
    Ils regardaient le bassin d’un air dégoûté et plein de mépris, visiblement et même très visiblement indignés avec tous les rictus et les tons de voix qui vont avec. 
    C’est quoi ? Demanda la fillette qui tenait son père par la main. 
    C’est écrit là, sur le panneau : de la mesquinerie à l’état brut, il lui répondit car il pensait qu’elle devait savoir lire à son âge. Et il reprit la contemplation de cette ombre visqueuse qui glissait lamentablement et répandant une odeur nauséabonde. 

    La fillette lâcha la main de son père et s’en fut courir au bassin suivant. 
    Papa, viens voir ! Ici c’est la fourberie, et ils l’ont mise juste à côté de la haine ! 
    Les adultes n’en revenaient pas. Non pas qu’ils pouvaient se prévaloir de ne rien savoir de cela, mais tout de même, là, ils voyaient devant eux ce qu’ils cachaient toujours dans le dos. 
    Mais c’était dégueulasse. Répugnant au possible ! Ils se regardaient les uns les autres avec un soupçon d’incertitude. Comme pour s’assurer qu’ils n’avaient pas en eux ne fusse que quelque résidu de cette horreur. Et si c’était le cas ils comprenaient l’urgence de changer très vite s’ils ne voulaient pas finir engloutis par un acide aussi démonstratif à la vue de la corrosion du bassin où l’on avait pris soin de mettre des protections spéciales. Trois rangs de barricades. 

    Mais cette exposition n’avait pas vocation de laisser le public dans le malaise. Simplement de lui en rendre compte. L’ignorance avait été placée en bonne place après le plus difficile à admettre, et chacun pouvait y jeter une question en faisant vœu qu’elle ne s’en empare pas, et si la question s’échappait indemne elle partait vite le plus loin possible. 

    Au stand de la liberté il n’y avait personne, désespérément personne. Puis tout le monde riait devant le bassin des certitudes, parce que vues avec du recul, comme ça, on voyait bien les vanités qui les accompagnaient. 

    A toi de lire, dit le père à l’enfant. Elle déchiffra sans hésitation : Plaine des émotions. 
    Le public s’y précipita. Des cris de joie, des cris de peine fusaient d’on ne sait où mais remplissaient l’atmosphère. Il y avait des frôlements, de drôles d’impressions qui n’impressionnaient que furtivement avant d’éclater comme des bulles. 

    Une fontaine de sanglots coulait sans répit, où une écume de douleur se formait jour après jour. Des inscriptions étaient gravées dans sa pierre : « Ce monde n’est pas risible. », « Les temps sont durs. », « Il n’y a pas d’amour heureux. », « etc. » 

    Mais cette exposition n’avait pas vocation de laisser le public dans le malaise. Simplement de lui en rendre compte. 
    Tout avait été prévu pour ne rien oublier de la globalité, en tenant compte du globe où l’histoire se passe. 
    Dualité exquise des innombrables adversités décolorées qui viennent perturber les rêves les plus tenaces. 

    Et cent fois sur la planche tu remets ton ouvrage, il disait l’autre, et mine de rien ça pouvait bien durer toute une vie. Tout dépendait de l’ouvrage, sans doute, et de la probabilité des hasards. 

    Quelques mots alignés pour toute confidence, dans ces flots déversés où rime l’espérance, 
    Dans le puit des secrets, lorsqu’on tirait de l’eau, on avait quelquefois d’agréables surprises, 
    Eblouis de lumière, pas tous les jours c’est vrai, mais des fois comme ça sur des parcours d’errance, 
    Bien assez de clarté pour voir, et pour comprendre, rien qu’avec la conscience dépouillée de ses crises. 

    Revenons-en aux faits. Et si tout a été dit pourquoi alors continuer ? A moins qu’il ne reste encore des choses à dire, à inventer, à produire, à offrir peut-être dans le meilleur des cas, partager d’un partage qui n’a rien de commun, de rares fois ... 




11/01/2011
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