Evidence

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Réponse à mon frère ....

 
 
 

Hé! hé! j'avais trente ans, c'est loin déjà, j'ai voyagé,
Depuis ces fêtes-là que nous faisions alors,
J'ai croqué des cactus, je me suis bien cassé
La gueule, à chaque fois que ma bouche se tord.

J'ai balancé des rêves à l'eau, par-dessus bord,
En dansant sur du blues qui me prenait les tripes,
J'ai invoqué le ciel, j'ai espéré la mort,
Dans des moments si seul qu'obligé que tu flippes.

Sais pas comment j'ai fait pour pas tomber par terre,
Quand j’avais le vertige à en être étourdi,
C’est vrai, je n’ai pas toujours su comment faire,
Et pour les bons élèves, j’étais un abruti.

Mais bon, à part tout ça j’aime bien les spectacles,
Il y eût des jours de fêtes avec des baladins,
Des lendemains de fêtes, et de gorges qui raclent,
Des surprises imprévues, attention les gradins !

J’ai surtout regardé des spectacles nombreux,
Suffisamment longtemps pour apprendre à aimer,
Ce chemin que tu sais, c’est vraiment caillouteux,
Faut aimer les défis pour y vouloir aller !

Une vie mouvementée, tu dis ? euh ! oui, un peu,
Je suis un troubadour rêvant comme un rêveur,
Dans un monde chromé, une mèche de feu,
J’écoute la musique et je crois la lueur.

Si ma mémoire est bonne, il y a des réserves,
De moments percutants pour faire des déclics,
Des souvenirs chargés, où l’on sait qu’on préserve,
Le meilleur de l’instant pour qu’encore on l’applique.

Et bien de la magie, la plus inattendue,
A des moments critiques où tout semblait foutu,
La vie c’est vraiment con, tu sais, c’est entendu,
Ca dépend tout de l’œil avec lequel c’est vu.

Fantastiques instants, comme ils furent nombreux,
Même dissimulés en de gros coups de vent,
A prendre des leçons, j’allais de mieux en mieux,
Mais je passais pour fou à me dire content.

Malandrin, tu connais ? Il m’a bien inspiré,
Et où le vent te mène t’en sais rien par avance,
Si tu vas te détendre, ou si tu vas ramer,
L’idéal est correct ; une belle alternance.

C’est au bord de la mer que je puise en des rêves,
Juste le bruit des flots pour me dire des choses,
Le parfum des embruns, et des pins de la sève,
Des vents et des marées sans plus faire de pause.

Des moments d’euphorie que tu peux pas savoir,
Ou le cœur s’expatrie du carcan de ses chaînes,
Et une plénitude, qui vient dessus le noir,
De pénibles instants nettoyés de la haine.

Sentir l’âme légère, faut-il que je sois fou ?
Où la lourdeur de mise est le lot du commun,
En grand panoramique, je regarde le tout,
En comptant la misère de ces rêves défunts.

L’instant qui passe est rare, j’y vais sauter dessus,
Chaque fois que des chances ont des révélations,
Des joies inexploitées, qui passent au dessus,
De nos têtes remplies de préoccupations.

Je les entends gueuler, dans leurs convictions vaines,
A ce point je préfère le discours des oiseaux,
Ils disent l’essentiel, et ont meilleure haleine,
Que bien des gros cerveaux qui se prétendent beaux.

J’attrape la musique, chaque fois qu’elle passe,
Car comme l’oxygène elle m’est nécessaire,
Loin des bruits ambulants, des conseilleurs coriaces,
Pouvoir l’écouter bonne dans les pires boucans.

Des journées de folie, je te raconte pas,
Avec des sentiments comme raz-de-marée,
De l’amour imprévu, de drôles de repas,
Pour nourrir un esprit sans arrêt affamé.

Et, croisant des acteurs qui la jouent remarquable,
J’apprends de chaque instant, j’apprends de tout le monde,
A chaque carrefour, quels que soient les spectacles,
Pour faire un moment vrai où les mensonges abondent.

Des hasards bien fondés, qui nous poussent à grandir,
Qui nous en donnent envie, pour être à la hauteur,
Ce qui n’empêche pas des jours où, pour vomir,
On se fait tout petit pour cacher nos torpeurs.

Et des journées de pluie, et de chouettes orages,
Je vais sans parapluie, toujours, tu me connais ?
Et j’en écris des mots, et j’en écris des pages,
Toujours cette musique ; je m’y suis abonné.

Avec vents et marées, ça s’arrête jamais,
Les vents sont plus violents, les marées plus polluées,
Mais la musique aussi, ne s’arrête jamais,
Elle prend des variations en fonction des années.

Alors, heureux ou pas ? A toi de décider,
Mais je pense qu’il y a toujours chemin à faire,
Le but est ambitieux, la page déchirée,
Certains jours, certains soirs, de rage et de colère.

Puis des forêts d’automne, où je traîne les pieds,
Atmosphère feutrée des couleurs plein la vue,
En luminosités à ce point variées,
Que je regrette pas d’y être un peu venu.

Oui, l’époque est humaine, les humains sont terribles,
Ils veulent du bonheur, ils veulent du prestige,
De l’amour chaque instant qui fait qu’il est possible,
De se croire exister, au milieu de vestiges.

Des rebondissements, tu dis ? oui, pour le moins,
A rebondir partout dans les coins les plus sombres,
Ou vers pousse le vent, qui prend toujours bien soin,
Et grand plaisir ainsi à souffler pour des nombres.

Des journées de soleil dans des ciels bleus d’azur,
Lorsque deux cœurs s’approchent, et savent se parler,
Dans des combinaisons, où l’on perd bien plus sûr,
Plus souvent que l’on gagne à espérer aimer.

De dépit, quelquefois, je souris tristement,
Face à tout ce gâchis dans des journées manquées,
Des « je t’aime », perdus au milieu des courants,
En stupides illusions de nos rêves efflanqués.

Croire en quoi ? Vois-tu bien qu’il n’y a personne ici,
Que ce réel ballet des étoiles qui filent,
Le rêve a l’air si vrai de ce que nous croyons vie,
Ce que nous croyons vrais en illusions habiles.


*

(De zéro à l'infini)

Michel Liotard

 

Clic:

http://fr.youtube.com/watch?v=IXdNnw99-Ic



05/06/2008
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