Evidence

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Les jours glorieux de l'homme-orchestre ....

 

 

 

 

 

 

 

"L'enfer, ... c'est de ne plus aimer." 

Georges Bernanos 

*** 



Pouvoir examiner les choses avec du recul ! 
Quel privilège ! 

Savoir se retourner sur nos rêves et voir où ils ont menés. 
Se dissocier de ce qui ne nous appartient plus et s'associer au possible et au présent. 
D'une certaine façon, si l'on n'attend rien on est satisfait de tout. 
C'est une manière de voir les choses. Et un exercice redoutable que de ne rien attendre. 

Alain savait que certains philosophes s'y appliquaient avec plus ou moins de bonheur. Il estimait qu'il avait beaucoup de chance d'avoir pu voyager. D'avoir pu écouter de nombreuses histoires, d'avoir pu entendre s'exprimer des coeurs sur des choses essentielles qui nous concernent tous. 

Ne comprenant pas toujours les mots, il avait d'autant plus appris à lire dans les visages. Regard à regard, sourire à sourire, méfiance à méfiance lorsqu'il le fallait, confiance à confiance lorsqu'il le pouvait. 

Admirateur de Brel, il recherchait dans les foules ces "quelques-ceux qui refusaient de ramper jusqu'à la vieillesse" et il en rencontrait de fait, et même s'il ne s'agissait pas de la majorité il y trouvait son compte. 

Des êtres abjects, cela existe. Des êtres remarquables, cela existe aussi. Il observait, il scrutait dans les multitudes d'expressions des visages. 

A quel point en sont-ils ?, et à quel point en est-il lui-même ? 
Quels sont ceux qui sont parvenus à la joie de vivre, au bonheur - aussi subjectif fût-il -, à une certaine efficacité de l'équilibre et de l'harmonie. 
Quels sont ceux qui vont immanquablement rentrer dans le mur ? Ceux qui vont aller direct se noyer dans l'adversité et se répandre en pleurs à peu près comme excuse. 

Tout existe. Et bien sûr il le savait. Tout le monde ne sait-il pas ça ? 

"Il y en a qui nagent dans l'eau de rose... ", disait Nougaro. 
Et les impressions qui montaient de lui savaient lui dire que, pour lui, ce n'était pas le cas. 

Non il ne voyait pas le monde comme un bouquet de roses. 
Plutôt moitié roses moitié merdes. En tous cas une grande complexité, une grande diversité. 

Il faisait ce qu'il pouvait pour garder le choix dans la plupart des situations. Et il s'en sortait comme tout le monde. Ni plus ni moins. Il n'était pas blasé, et c'est peut-être ce qui faisait sa force. Mais aussi il n'était pas dupe de ses faiblesses, et il restait conscient des limitations de l'être. Cette imprévisible bestiole que tout le monde, ou presque, tente d'expliquer. 

Et puis il revenait tout à coup à ce moment précieux avec ses amis. Il connaissait l'histoire de Patricia, celle de Serge, celle de Nicolas et celle de Claire. Plus quelques autres. 
Eux-mêmes connaissaient son histoire et c'est pourquoi ils étaient des amis et bien ensemble. 

On ne peut pas dessiner un sentiment avec des mots, à la rigueur on peut l'exprimer avec de la musique. 

On ne peut faire à la place de l'autre ce qu'il ne peut faire que par lui-même au moment où il le décide. 

Mais on peut se comprendre, parfois, sans trop savoir s'il s'agit d'un grand luxe ou d'un privilège. 






"Les jours glorieux de l'homme-orchestre" (extrait) 

 

 

 

 

 

 

 





16/01/2012
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