Evidence

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Le lac de la montagne ....

 
 
 
 

C'est un pays aride, aux pentes escarpées, où nul arbre n'est là pour vous faire de l'ombre.
Les nuits y sont glacées, et obscures au possible, à l'opposé les jours éclatent de blancheur.
Le soleil est brûlant, jusqu'à ce qu'il disparaîsse, et sèche toute vie qui s'aventure ici.
Il n'y a pas d'animaux, rien que des gravats chauds, l'herbe est pauvre et jaunie, l'ensemble est lamentable.
En s'approchant, de loin on pourrait croire encore, qu'un désastre est venu balayer cet endroit. Un instinct répulsif viendrait au téméraire, à coup sûr il serait détourné loin de là.

Pourtant, lui avait dit le vieux, affirmatif, garde toi bien de toi, et de tes impressions.


Il l'avait rencontré longtemps, dans le village, car il voulait savoir tout de cette légende.
Alors le vieux parlait, et lui il l'écoutait. Tout n'est rien qu'illusions pour nos sens, et nos têtes, pleines d'à priori interprètent en fonction. Donc rien n'est attrayant, dans ce vaste domaine, pour dissuader ceux, curieux seulement, qui veulent sans effort jouir de plus de confort.

Il te faudra, c'est vrai, affronter les brûlures, d'un soleil sans nuance sous un ciel sans nuage. Il te faudra gravir d'abrupts sentiers rocheux, cheminer sans arrêt sans l'aide de personne. Tu gèleras les nuits, tu brûleras le jour, grelottant tout autant que tu suffoqueras.

Mais si tu tiens le coup, et t'obstines assez bien, il viendra le moment où tu arriveras.

Tu ne peut te tromper, cet endroit est unique, et ta pugnacité aura sa récompense.

- Comment saurais-je donc que je suis arrivé?

- Au plus haut des sommets, si enfin tu parviens, il y aura un lac limpide d'une eau claire. Il n'est pas vraiment grand, juste en quelques brassées, tu pourras d'une rive à l'autre le couvrir.

Fort de ses conseils, tu n'as pas flanché, et gravis mètre par mètre le parcours.
Ce fut plus difficile que tu ne le pensais mais à présent il était là, devant toi, le lac dont le vieux t'avait parlé.
Sa beauté tranchait avec l'austérité environnante, et comme pour t'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un mirage, tu entras dans ses eaux pour te rafraîchir et te laver de la sueur qui perlait sur ta peau.
Le plaisir était grand, et la fraîcheur idéale.
Mais c'est lorsque tu sortis ta tête hors de l'eau que tu fus frappé de stupeur.

Tout autour du lac, une forêt verdoyante s'étalait à perte de vue. A quelques mètres de toi, un groupe de chamois venait s'abreuver.
Tu ruisselais encore en marchant et, te frottant les yeux, te demandant si tout celà était bien réel.
Tu t'assis un moment dans l'herbe pour mesurer tout ça. Le chant harmonique des oiseaux parvenait jusqu'à toi. Un vent léger et parfummé apaisait les brûlures de ton périple.

Tu avais envie de rester là et tu y restas longtemps, en effet.
Et avant de partir tu allas encore auprès du lac pour t'y abreuver.
Sensation de fraîcheur et de bien-être. Mais c'est surtout tes idées que tu sentais différentes. Ton esprit était calme autant que le lac. C'est comme si tu te sentais libéré des illusions et des constructions mentales qui nous harcèlent sans cesse.
Ton énergie y gagnait en puissance.
Nulle émotion, mais un sentiment nouveau de liberté et d'amour, de joie, de gratitude envers tout et envers tout le monde.

Un homme neuf descendait sans hâte le versant de la montagne.

Au village, le vieux l'avait aperçu de loin. Il ne disait mot.
Il souriait seulement d'un sourire qui le faisait sembler plus jeune.



Michel Liotard
LC29050316


 



18/08/2008
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