Evidence

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Je dirai ....

 

 

 

 

"Le bonheur est une chose qui se vit et se sent, et non qui se raisonne et se définit."
  [Miguel de Unamuno

 

 

 

*

 

 

Je dirai des chansons, je dirai des histoires, 
Comme tu le voudras, mais je resterai neutre, 
Je dirai avec tous des choses qu’il faut croire, 
Si tu crois en la vie, et si tu crois en l’autre. 

Oh ! comme ça, sans rien qui paraisse important, 
Et selon l’occasion je dirai tout ou rien, 
Si tu veux que je parle, et aller de l’avant, 
Si tu veux la musique ou du bruit ou bien rien. 

Je dirai des exemples qui sont d’actualité, 
Et plus sur le détail, davantage en couleurs, 
Je ferai des dessins en jouant des airs gais 
Ou bien des gribouillages sans aucune valeur. 

Je dirai juste assez les mots que tu attends 
Puisqu’ils sont si nombreux, et la vie est si courte, 
Juste un peu comme ça, pour réchauffer le vent, 
S’il vient à souffler froid sur le pas de ta porte. 

Mais je suis fatigué, pour avoir le désert 
Traversé tant de fois que j’en suis étourdi, 
Mais je suis épuisé pour avoir dans l’affaire 
Du monde et du cosmos voulu faire du bruit. 

Je dirai rien du tout, si encore je m’obstine 
A cacher dans le fond de mon cœur l’instrument, 
Ce sera le silence, lourd de substance active, 
De mots secrets gâchés par les événements. 

Je dirai bien ainsi que tu voudras entendre 
Avec des partitions bien dans tes habitudes 
Des musiques sacrées, si tu veux les entendre, 
Peut-être en dérangeant un peu tes certitudes. 

Mais quel acteur veux-tu, et pour quel rôle enfin ? 
Dois-je prendre un chapeau, un faux-nez un faux-rôle 
Ou me laisseras-tu être moi-même enfin ? 
Oh ! que pour jouer juste ce n’est pas toujours drôle ! 

Je dirai, je dirai des choses insensées 
Peut-être il semblera comme ça qu’il n’y a rien, 
Je dirai qu’il y a des choses observées, 
Puis je dirai plus rien en attendant demain. 

Je dirai l’alchimie qui mélange la haine 
Parfois à de l’amour sur d’étranges planètes, 
Je dirai le bordel que des pensées malsaines 
Peuvent mettre, très vite, dans des rapports honnêtes. 

Mais voilà tout est là, et le choix est perfide 
C’est selon les valeurs et selon les idées 
Quelquefois vraies et justes, quelquefois insipides, 
Tout est là, sans limite ou selon qu’on en met. 

Lorsque les sentiments n’iront plus tous mourir 
Quand sous trop de pression ils se révèleront, 
Je dirai doucement, pour ne pas trop souffrir, 
De n’avoir pas plus tôt éludé la question. 


Je te sais loin d’ici, à l’affût, prête à croire 
Que tout peut s’embraser, que des élans propices 
Peuvent encore sauver ce qui reste de gloire 
Et de réalité remplacer les factices. 

Je dirai… mais voilà il est déjà bien tard 
Et déjà le dessus couvre les apparences, 
Je disais juste à peine, et c’est déjà le soir 
Quand déjà des étoiles arrangent leur prestance. 

Je dirai la musique obstinante et précieuse, 
Et discrète et intense notre complicité ; 
Ils sont fous, c’est un fait, des mobiles les rongent, 
Qui ne sont pas toujours en accord ni très vrais. 

Et dire c’est jouer, si possible parfait, 
Dans les accords tordus quelquefois alentour, 
C’est prendre l’instrument, et le plus adapté 
Et le plus performant qui s’accorde et toujours. 

Je rirai, je dirai, je ferai volontiers, 
Si tôt que l’atmosphère dissipe sa lourdeur, 
Si tôt que la conscience est capable d’effet, 
Si tôt que vient en place un instant de bonheur. 

Je dirai rien qu’à toi les mots qui brûlent en moi 
Fusses-tu si lointaine, je dirai jusqu’à toi 
Avec de la musique, des phrases plein les bras, 
Des mots pas vraiment neutres, puisque je pense à toi. 

*



12/01/2011
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