Il faudrait la semaine ....
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C’était la foire aux sentiments, ce samedi matin.
Les marchands les avaient mis dans des cages
pour offrir au confort visuel du chaland
de quoi se faire une idée précise.
Les étals étaient larges :
sentiments de culpabilité, de domination,
d’infériorité, de sécurité,
de supériorité,
d’impuissance …
Les sentiments étranges étaient mis à part ;
ils ne convenaient qu’aux poètes.
Le sentiment de soi se vendait le mieux,
et on offrait la vanité en prime.
Mais on s’apercevait vite
du nombre impressionnant de leur diversité,
de leur intensité et on en comprenait le prix.
C’était très intéressant.
La foule s’agglutinait invariablement
toujours à l’endroit le plus prévisible du marché.
Le grand, le beau, le noble,
le plus rare le plus recherché des sentiments :
L’amour !
Il fallait voir,
même les enfants comprenaient qu’il s’agissait là d’une chose importante.
Et les grands se sentaient tout petits.
Parfois des gens emmenaient
leurs vieux parents
pour qu’ils puissent perdre de leur haine et gagner d’énergie,
il faut dire que ça surprend !
Les sentiments de frayeurs
étaient presque gratuits tant ils étaient bradés,
mais la plupart les repoussaient
parce qu’ils avaient mauvaise presse.
On en voyait de riches dépenser des fortunes
pour un hypothétique sentiment de sécurité qui se proposait en mille formes,
et sur mesure
pour les plus exigeants.
Il faudrait la semaine pour raconter tout en détail …
Et dire quand s’ouvraient les cages.
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juillet 2007
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