Evidence

Tragore tête verte, à rire déployé,
Qui voyage en les mots, jusque pour s'y noyer,
Il aime la musique, et il aime la vie,
D'un absurde théâtre, il défonce la scène,
Et jaillit comme un diable pour apaiser vos peines,
Vos sanglots légitimes, vos secrètes envies.

Là je l'ai rencontré, et il m'a consigné,
Un moment pied du mur, pour bien vous embrasser.
Il m'a dit qu'il riait tout le temps tout autant,
Qu'il nage tout le jour, en des rêves éveillés,
Et qu'il baigne la nuit, dans de la volupté.
Et ne vous oublie pas, poètes impertinents!

Il aime voyager dans vos livres ouverts,
Du printemps à l'été, de l'automne à l'hiver.
Oui, cette vie, c'est clair, est pleine de couleurs,
Mais ce n'est pas toujours un long fleuve tranquile.
Il faut être alchimiste, un brin un peu habile,
Pour ne pas disparaître entier dans le malheur.

Tête verte et hirsute, les idées déchaînées,
Il aime tout autant, s'abreuver aux effets,
Des sentiments, parfois, qui savent tant bien faire,
Ces sources qui jaillissent, de vos coeurs exaltés,
Lorsqu'ils savent parler des langages éclairés,
En des jours bien précieux, qui font bien notre affaire.

Il navigue, Tragore, et lance son fantôme,
A chercher tout le temps, dans le monde des hommes,
Quelques façons de rire, et d'aimer pour de bon.
Il croit encore, le fou, en un espoir géant,
Qui fera se lever les poètes en un temps,
Un jour, pour dire à tous les mots du coeur du fond.

L'amitié, ce n'est pas rien
L'amour, ce n'est pas rien
La musique, ce n'est pas rien
Et la joie quelquefois qui nous fait bien du bien...


*

Michel Liotard