Evidence

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Un dimanche après-midi ....

 

 

 

"Si je perdais ma bibliothèque, j'aurais toujours le métro et l'autobus. Un billet le matin, un billet le soir et je lirais les visages." 

Marcel Jouhandeau 

*** 


Tu avais tellement peur de la mort que ton angoisse était permanente. 
Tu ne voulais pas y penser, tu ne voulais pas qu'on t'en parle. 
L'idée du néant, d'une disparition définitive t'emplissait de terreur. 
C'était un cauchemar d'imaginer ton corps inerte, se dégradant par la pourriture et dévoré par les vers. 
Non, celà n'était pas possible! Tu ne pouvais pas ainsi disparaître pour toujours. 

A la limite de la nausée, tu fermais les yeux et serrais les poings, un mélange de rage et de désespoir prenait toute la place de tes pensées. 
Mais tu avais trouvé une parade, croyais-tu. Ta conviction n'était pas totale, mais au moins pouvais-tu t'accrocher à cette idée. La mort, c'est pour les animaux, mais pas pour les humains! Il y a autre chose après. La vie continue, peut-être sous une autre forme, mais nous ne sommes pas anéantis. 

La preuve? Et bien c'est qu'il y a plus de la moitié de l'humanité qui croit celà. 
Ce doit donc être vrai. La mort n'est qu'une illusion, une angoisse à surmonter. 
Le corps peut bien pourrir, mais après tout l'âme subsiste et continue ses périgrinations pour l'éternité. 

Tu n'avais pas apprécié qu'il éclate de rire en écoutant tes arguments. 
Une superstition en vaut une autre, t'avait-il dit. 
Et tu avais tenté de dissimuler ce frisson qui t'a parcouru lorsqu'il t'a dit que ce n'était pas tant de la mort que de la vie dont tu avais peur. 

Comme il pleuvait, vous êtes allés au cinéma. Un moment de bonheur pour toi. Le film a duré trois heures, mais tu ne t'en es point apperçu. Les lumières se sont allumées et il fallait bien quitter la salle. 
Dans la rue, sous la pluie, tu l'as regardé dans les yeux. 
Et si la vie n'était qu'un film? Un rêve qui n'a d'autre objet que de nous émerveiller le temps de ce que nous appellons "la vie"? 

Tes yeux étaient remplis de larmes lorsque tu l'as regardé. 
Et tu lui as dit: aimons-nous sans tarder. 
Faisons de la vie un long métrage où nous serons acteurs, équipiers, producteurs et réalisateurs. 
Ecrivons le scénario d'une histoire qui commence aujourd'hui et se terminera lorsque le destin le voudra bien. 

Il a été surpris. Il ne riait plus. 
Tu as pris sa main et vous avez traversé la grande avenue... 

Les badauds se rassemblaient sur la chaussée et certains insultaient le chauffard. 
Il pleuvait sur Paris. Une ambulance emportait vers la morgue deux corps inertes. 
Les passants ouvraient leurs parapluies pour se proteger du ciel. 
C'était un dimanche après-midi... 

A la morgue, un homme a soulevé les draps pour faire son travail. 
Et c'est à ce moment que vous vous êtes relevés en riant comme des bossus. 





LC12040308 


http://www.youtube.com/watch?v=jf8VfaMQiKI 



23/05/2011
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