Evidence

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Regarde-les passer ....

 

 

 

 

 

"Si la société évacue la poésie comme mode d'expression non productif, c'est peut-être que la poésie est un foyer de contestation, un acte de résistance, une incompatibilité fondamentale avec le système dominant ?" 

Jean Rouaud 





Regarde-les passer, tout habillés d’espoir, 
Regarde-les courir ceux que l’angoisse étreint, 
Ils ont des papillons, dans leurs têtes-aquariums, 
Qui se meurent et palpitent dans l’anonymat ! 

Ils ont des yeux-hublots, si profonds et si vastes, 
Et des sourires vagues, et des langues coupées, 
Regarde-les te voir, ces regardants fragiles, 
Qui ne sont de ton monde qu’à de rares moments ! 

Colle sur leurs poitrines ton oreille engourdie ; 
Il faut être attentif pour saisir leur détresse ! 
Ils ont des cœurs-cerveaux, dont ils ne sont plus maîtres, 
Et des tonnes d’espoir qui écrasent leurs âmes. 

Es-tu sûr que ceux-là appartiennent à ta race, 
Que tu ne sais pas voir, et encore moins comprendre ? 
Ecoute-les, le soir, lorsqu’ils font leurs prières, 
Qui ne ressemblent en rien en celles que tu sais ! 

Ils ont des ventres pleins, aux tripes frémissantes, 
Et des couteaux plantés dedans en permanence, 
Ils savent de l’amour la puissance divine, 
Et tremblent à chaque fois qu’ils le croit menacé. 

Regarde-les mourir, se faire dévorer, 
Disparaître en entier dans le puits de leurs peines, 
Les vois-tu disparaître, s’estomper en musique ? 
Vois-tu leurs sentiments, qui te les dissimulent ? 

Ils n’ont peur que de toi, et ta concupiscence, 
Mais n’ont pas peur de tout ce dont toi tu as peur, 
Ils ont la larme vraie, et la joie authentique, 
Et sautent allégrement par-dessus des balises. 

Tu les vois avec rage piétiner tes concepts, 
Et brûler dans la joie tes chers enseignements, 
Et tu sais qu’ils t‘échappent, ces enfants fugitifs, 
Et qu’ils sont autrement que tu l’aurais souhaité. 

Mais c’est qu’ils ont grandi, et l’on fait mieux que toi, 
Et ta compréhension n’égale plus la leur, 
Regarde-les s’aimer d’un amour non coupable, 
Toi qui parles de cul et qui fais des complexes. 

Regarde-les grandir, devenir des adultes, 
Et responsables malgré et par-delà tes barbelés. 


Qu’est l’homme, dans cela, s’il peut se définir ? 
Est-ce toi, être vil tout pétri d’égoïsme ? 
Est-ce toi, animal "hautement qualifié" ? 
Ou bien est-ce encore toi, qui de toi ne sais rien ? 





C20027019 

http://www.youtube.com/watch?v=ccyAn6tJYbY 




28/04/2011
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