David : Papaji, quelles sont les différences entre le non-mental, le mental mort et le mental silencieux ?
Papaji : Mental silencieux signifie demeurer temporairement tranquil le. C'est simplement une suppression des objets dans le mental. Cela peut se produire de nombreuses fois, mais ne dure pas.
Le mental immobile est également temporaire, il peut résul ter de la méditation, de la concentration. C'est comme la flamme d'une bougie. Quand il n'y a pas un souffle d'air, la flamme est immobile. Quand le vent se lève, la bougie vacille et s'éteint. Le mental immobile s'envole dès qu'il rencontre le vent d'une nouvelle pensée.
En ce qui concerne le non-mental, c'est la première fois que j'entends cette question. Personne auparavant, en Inde ou en Occident, ne m'a jamais interrogé à ce sujet. Je suis très heureux d'aborder cette question pour la première fois.
Avant que nous parlions du non-mental, nous devons voir ce qu'est le mental. Partons de la conscience. Il vous arrive de souhaiter voir votre apparence dans un miroir. D'une façon similaire, la conscience veut parfois se contempler pour voir ce qu'elle est. Une vague se lève dans la conscience et se demande, " Qui suis-je ? " Cette vague se levant dans la conscience s'imagine séparée de l'océan. Cette vague devient " je ", le soi individuel. Une fois séparé, ce " je " dégénère un peu plus et se met à créer. En premier, ce sera l'espace, l'immense vide de l'espace infini, sans frontière. Et, avec cet espace, vient la création du temps, car partout où il y a l'espace, il doit y avoir le temps. Ce temps devient le passé, le présent et le futur et, à partir d'eux, les attachements prennent naissance. Toute la création prend naissance au sein du passé, du présent et du futur. C'est ce qu'on nomme samsara. Samsara signifie temps. Samsara est le passé, le présent et le futur sans fin. Tout ce qui est né dans le temps et qui y demeure finira dans le temps. Et tout ceci est mental. Le " je " s'est présenté et a créé l'espace, puis le temps, puis le samsara. Ce " je " est maintenant devenu le mental et ce mental est " je ".
Alors, à un moment donné, un intense désir de liberté surgit de la conscience même. A l'origine c'était une descente depuis la conscience, du " je " à l'espace, au temps, au samsara. A présent, c'est une ascension. Dans cette ascension, les attachements aux objets physiques, puis au vital, puis au mental, puis à l'intellect s'en vont. Finalement, vous retournez au " je " seul. Ce " je " est le mental immobile.
Ce " je " a tout rejeté. Il est solitaire, sans attachements. Il ne peut retourner au monde des attachements, au samsara. Il a un désir de liberté, il veut retourner au lieu de son origine. Ce " je " qui avait pris naissance dans la conscience retourne maintenant à la conscience. Il prend la décision : " Deviens non-mental maintenant ", et par cette décision le " je " n'est plus là, le mental n'est plus là. Le " je ", qui est le mental, a été rejeté, mais il existe encore quelque chose là, entre le " je " et la conscience. Cette chose entre-deux est nommée non-mental. Cette entité entre-deux fusionnera avec la conscience et deviendra alors la conscience même.
Regardez cette tasse [il désigne un gobelet sur la table]. L'espace, le vide, est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur. Nous nommons " espace intérieur " l'espace du dedans et l'espace du dehors est nommé " espace extérieur ". Pourquoi ? Parce que le nom et la forme de la tasse séparent l'intérieur de l'extérieur. Quand le nom et la forme sont enlevés, l'espace intérieur et le mahat, l'espace plus vaste, deviennent un. En fait, ils furent toujours un. Du point de vue de l'espace même, il n'y eut jamais d'intérieur ou d'extérieur. Le nom et la forme ont fait apparaître l'existence d'un intérieur et d'un extérieur, mais l'espace n'a jamais été touché par ces divisions artificielles. De même, la liberté est toujours là, jamais touchée par les noms et les formes. " Nom et forme " sont " je ". Quand le " je " s'en va, les murs qui semblaient diviser la conscience sont enlevés. Ceci devient Ceci.
Lorsque vous retournez du mental à la conscience, vous passez par cette phase de non-mental. Dans cet état il y aura l'impression, le souvenir : " Maintenant c'est le non-mental. " Graduellement, lentement, ce non-mental retournera fusionner dans l'au-delà. Mais je ne sais pas comment cela se passe.
David : Le non-mental peut-il redevenir mental ? Peut-il sortir ? Peut-il devenir manifesté ?
Papaji : Un processus a eu lieu. A présent, c'est la conscience même. Pourquoi parler du mental et du non-mental ?
Dans l'ancien temps, quand un roi mourait sans laisser d'héritier, un éléphant royal était envoyé pour désigner son successeur. La tradition voulait que la personne que l'éléphant soulevait et mettait sur son dos, quelle qu'elle fut, devînt le nouveau roi. Une fois, à cette occasion, l'éléphant prit un mendiant et il devint roi. Tout le monde était heureux. Les ministres le saluèrent, lui donnèrent des robes cousues d'or et le mirent sur le trône. Cet homme, qui fut mendiant, n'avait plus rien à faire. On faisait tout pour lui. Tout venait à lui sans qu'il ait à le demander. Les courtisans et les ministres savaient tous comment être à son service. Il n'avait plus à mendier. La nourriture lui était servie aux moments opportuns, et la nuit toutes les reines prenaient soin de lui. Une fois qu'un mendiant a goûté au statut de roi, voudra-t-il retourner dans son village et mendier à nouveau ?
C'est ce qui se passe lorsque vous devenez éveillé au fait d'être conscience. La personne est toujours là, le corps est toujours là, mais aucun personnage ne pense : " Je dois faire ceci ou cela. " A la place, il y a une connaissance que la conscience prend soin de tout. Si vous êtes conscience, c'est à dire le roi, les cinq sens deviennent les ministres qui vous servent. L'activité des sens se poursuit automatiquement, vous n'avez pas à penser à eux. Si c'est l'heure pour le roi de manger un pan [rires], le pan sera servi. Si c'est l'heure du café, le café sera servi.
Quand vous êtes conscience, le cerveau devient premier ministre, les organes des sens deviennent ministres, et tous vous servent. Vous n'avez pas à penser du tout.
Pour que cela marche, il vous faut avoir l'autorité et le pouvoir d'un véritable roi. Si vous vous comportez en roi sans en avoir l'autorité, personne ne vous écoutera. L'autorité doit être présente et cette autorité ne peut venir qu'en étant la conscience même.
Je vais vous raconter une histoire plaisante à propos d'un autre roi qui voulait voir son premier ministre de toute urgence, mais comme ce dernier était absent du palais à ce moment-là, le roi alla le voir chez lui.
La femme du premier ministre accueillit le roi et lui dit :
- Mon mari est dans la salle de puja.
- Alors appelez-le, dit le roi.
- Je ne peux pas l'appeler, répondit l'épouse, je ne suis pas autorisée à le déranger quand il est dans cette salle.
Cependant le premier ministre avait entendu l'arrivée du roi. Il sortit de la salle vêtu de sa robe de puja et le roi lui demanda : " Que faisiez-vous ? "
Le premier ministre ne répondit pas, ce qui mit le roi très en colère parce qu'il y vit un acte flagrant d'insubordination. Il appela un de ses officiers de police et lui donna l'ordre de l'arrêter. L'officier avança, mais avant qu'il put mettre cet ordre à exécution, le premier ministre s'écria : " Attendez ! Attendez ! " Le roi fit alors un signe au policier et attendit une explication. A la grande surprise de tous, le premier ministre désigna le roi et intima au policier l'ordre de l'arrêter. Bien entendu, le policier, qui n'avait pas autorité d'arrêter un roi, ne bougea pas.
Puis le premier ministre donna l'explication suivante au roi : " Quand vous avez dit " arrêtez-le ", le policier allait exécuter votre ordre, car vous avez le pouvoir de donner un tel ordre. Mais lorsque j'ai dit, " arrêtez-le ", le policier n'a pas obéi, car je n'ai pas d'autorité sur vous. L'ordre était le même dans les deux cas, mais l'autorité était différente. Vous aviez le pouvoir. Je ne l'avais pas. Je n'ai pas répondu lorsque vous êtes venu, parce que j'étais en train de prononcer le mantra gayatri. Je n'ai pas pu ensuite vous parler de ce mantra, car vous n'y avez pas été initié. Moi-même je ne suis pas habilité à vous parler de ce mantra, je suis donc resté silencieux. "
Donc, si vous voulez avoir l'autorité d'un roi, vous devez être la conscience même. Alors les sens vous obéiront. Tout sera beau, parce que tous les ordres viendront de la conscience. Les rois peuvent se tromper, mais la conscience prend toujours la bonne décision au bon moment. Quand vous êtes dans le non-mental, vous ne pouvez faire aucun travail par vous-même. C'est simplement la grâce qui est présente et vous lui obéissez. Vous-même, vous ne faites rien, parce que le sujet agissant est parti. Le mental n'est plus là. Toutes ses diverses fonctions ont disparu. Vous demeurerez avec le corps pour une période définie, déjà décidée et durant ce temps-là vous serez l'instru ment de la conscience.
Certaines personnes ne peuvent pas supporter le choc de la liberté pendant plus de vingt-et-un jours. Cela a été spécifié dans les livres. Imaginez un homme qui, d'une manière inopinée, gagne un milliard de dollars dans une loterie. Tant de richesse arrivant soudainement peut le tuer. Il pourrait avoir une crise cardiaque et mourir.
C'est parfois la même chose avec l'illumination. Tant de bonheur arrivant soudainement, d'une manière imprévue, peut emporter le corps. Mais l'illumination ne sera pas affectée.
Certaines personnes vivent longtemps après l'éveil, unique ment pour en faire bénéficier d'autres. Cette aide ne vient pas d'une certaine " personne ". Elle vient directement de la cons cience. L'instructeur, qui est conscience, sait que ce n'est pas " je " qui travaille. Son attitude est : " J'ai été désigné pour parler, mais ce n'est pas " je " qui parle. " Si l'instructeur pense qu'" il " parle, ce n'est que de l'arrogance. Ses paroles resteront sans effet.
Lorsque vous vivez cela directement, ce que vous dites n'est pas votre affaire. Ce n'est pas votre problème si quelqu'un est aidé ou non, si les gens viennent vous voir ou non. Pour vous, tout revient au même.
David : La conscience vous a donc donné l'ordre d'enseigner. Est-ce bien ce que vous dites ?
Papaji : La conscience...?
David : Vous a donné l'ordre d'enseigner. Est-ce bien cela que vous dites ? Vous exécutez seulement l'ordre.
Papaji : [longue pause] La conscience et moi... sommes tellement devenus un, je ne peux pas dire si " elle " peut " me " donner des ordres.
David : Mais un certain pouvoir vous oblige à donner des satsangs, n'est-ce pas ?
Papaji : Oui, un " certain pouvoir " comme ceci : [il tend sa main devant lui], si je veux boire de l'eau, dois-je dire : " Poonjaji, prends le verre " ? Avant de le porter à la bouche, vais-je dire à ma main : " porte-le à la bouche " ? Et avant de boire, vais-je donner l'ordre : " bois " ? [Papaji rit, prend le gobelet et boit]. A cet instant, je n'ai pas donné d'ordre à la main. Tout ceci est moi, voyez-vous. Les gens qui sont aidés ne sont pas ‘autres'. La main est mienne, l'estomac est mien et le besoin d'eau est mien. Qui sont les autres ? Qui est autre que moi ?
Tout d'abord, qui est ignorant ? Si les gens le disent, je ne les crois pas. Qui veut être libre ? Si quelqu'un me le dit, je ne le crois pas. Qui n'est pas déjà libre ?
Donc, quand les gens viennent me voir et disent : " J'ai des problèmes, je suis attaché ", je pense qu'ils plaisantent, je plaisante donc également : " Vous n'êtes pas attachés, vous êtes libres. "
Ils demandent : " Cela prend-il beaucoup de temps ? "
- Non, non, dis-je, vous pouvez l'obtenir à l'instant même.
Tout cela est très drôle, aussi je le considère comme tel. L'affirmation " je suis enchaîné ", n'est-ce pas une plaisanterie ? Les gens qui parlent ainsi ne me montrent ni chaînes, ni fers, ni prison. Quelle sorte de prison est-ce ? Pour moi tout cela est donc une vaste plaisanterie et je l'apprécie.
David : Alors, quand vous regardez les gens pendant le satsang, Papaji, vous ne voyez que des gens éveillés qui font semblant de ne pas être éveillés ?
Papaji : [longue pause] Oh, c'est une question difficile, mais je dois y répondre, car je réponds à toutes les questions. Tout d'abord je les absorbe tous et je donne à chacun une place dans mon Cœur, dans mon Cœur. De même qu'un amant donne une place à sa bien-aimée dans son Cœur, vous avez toujours une place dans mon Cœur. Donc je m'ouvre ici et je dis : " Vous et moi, nous parlerons ensemble. Oui. Vous n'êtes pas séparés de moi, vous êtes au sein du Cœur. Vous êtes dans mon Cœur. Parlons ensemble. "
David : La grâce agit dans le satsang, Papaji. Vient-elle de vous, à travers vous, ou est-elle tout simplement présente ?
Papaji : De la grâce seulement. La grâce doit venir de la grâce, n'est-ce pas ? Une vague doit venir de l'océan. La grâce doit venir de la grâce, l'océan de grâce.
David : Toutefois elle semble s'écouler très fort auprès de vous.
Papaji : Je ne sais pas.
David : Papaji, je vous ai plusieurs fois entendu dire : " Je connais de nombreux stratagèmes pour éveiller les gens. Si un ne marche pas, j'en utilise un autre. " Quels sont ces tours et comment les utilisez-vous ?
Papaji : L'un d'eux est : " Restez tranquille ! Restez tran quille ! " Le second : " Ne pensez pas du tout. " Le troisième : " N'activez pas votre mental. " S'ils ne marchent pas, j'ai un quatrième tour. Je dis : " Venez à moi et je vous apprendrai le yoga. Je vous apprendrai comment faire le shirshasana [une position de yoga, la tête au sol et les pieds en l'air]. "
Je leur demande de se tenir debout devant moi, puis je leur dis : " Maintenant tête en bas, pieds en l'air, c'est le shir-shasana. " Je sais le faire moi-même, alors je peux aisément leur montrer.
Alors, tandis qu'ils se tiennent sur la tête, ils disent : " Mais c'est la liberté que nous voulons. "
Pendant qu'ils sont encore dans cette posture, je leur indique comment obtenir la liberté. Je dis : " Restez tranquil le, restez tranquille. " A ce moment-là, comme ils souffrent un peu, ils écoutent. Quand les gens commencent à avoir des problè mes par l'abus de plaisirs sensoriels, ils viennent me voir et m'écoutent. Quiconque se trouve la tête en bas suffisamment longtemps commence à souffrir et quand quelqu'un commence à être attentif à sa souffrance, il vient me voir. Je connais donc de nombreux tours et je les ai souvent utilisés en Occident.
Les gens qui viennent me voir à Lucknow sont surtout des gens bien. Je n'ai aucun problème avec eux. Ils viennent du monde entier pour la première fois en Inde et à Lucknow, et je suis très heureux avec eux. Quand je leur parle ils m'écoutent. Ils m'écoutent comme ils écouteraient leur père ou toute autre personne respectable qui donnerait de bons conseils. Ils veulent en finir avec leur souffrance, avec leur douleur mentale. Donc je leur donne ce tour : je leur dis d'être tranquilles. La plupart des gens aiment beaucoup ce conseil, car je ne leur demande pas de faire quelque chose. Ils obtiennent le bonheur et la paix en ne faisant rien, en étant simplement tranquilles.
Qui n'aspire pas au bonheur ? Qui n'aspire pas à la paix ? Qui ne veut pas la beauté ? Tout le monde est intéressé. Donc ils m'écoutent et je suis heureux. Tous en profitent. Ils retournent dans leurs pays respectifs en ambassadeurs de cette ville de Lucknow. Et alors ils envoient leurs amis. Des milliers de gens sont venus ici simplement parce qu'ils ont entendu des commentaires favorables.
Personne ne se plaint de ce qui se passe ici. Il n'y a rien à payer, il n'y a pas d'ashram, il n'y a pas d'appels de fonds. Je vis dans ma propre maison et j'appartiens à cet endroit. Je vis ici depuis cinquante ans. J'ai également passé quelques années à l'étranger. J'aime voyager, mais à présent mon âge avancé m'oblige à rester ici. Voilà pourquoi vous êtes ici. Il y a peu de temps encore, je rendais habituellement visite aux gens dans leur propre ville. Je n'aimais déranger personne, voyez-vous.
Donc, à présent, il y a beaucoup de monde ici et je suis très heureux qu'un message de paix se répande. Nous en avons énormément besoin.
Il y a deux mille six cents ans des messagers de paix furent envoyés de l'Inde dans le monde entier en les personnes de Mahendra et Mitra. Les propres fils et fille de l'empereur Ashoka furent envoyés comme émissaires. D'autres personnes allèrent en Chine, au Japon et en Corée avec la même mission. A cette époque le monde entier était en paix. Décidons donc d'envoyer à nouveau ce message de paix et envoyons-le à partir du même endroit. Le Bouddha est originaire de cet état-ci. Je suis très heureux que le message de paix soit répandu une fois encore à partir de l'endroit où vécut le Bouddha. De nombreux touristes viennent dans cet état pour visiter les lieux saints associés à la vie du Bouddha. Ils visitent des localités telles que Kushinagar, Siddharthanagar et Lumbini qui sont devenues des lieux saints, car un homme a répandu un message de paix à partir de ces endroits.
Vous pouvez connaître la paix dans le monde par votre propre éveil. Cette illumination même est un message. Quand vous rentrerez dans vos pays respectifs vous pourrez parler ou demeurer silencieux. Cela marchera, vous verrez. Quand vos amis vous demandent : " Qu'est-il arrivé ? " vous pouvez demeurer silencieux. Il vous le demanderont à nouveau. Restez simplement tranquille, c'est tout ce que vous avez à faire.
David : Papaji, beaucoup de gens vous ont entendu dire : " Je n'ai délivré mes enseignements ultimes à personne. " Quels sont ces derniers enseignements et pourquoi ne les répandez-vous pas ?
Papaji : Ils n'en sont pas dignes. Personne n'est digne de les recevoir. Car mon expérience m'a révélé l'arrogance et l'égoïsme de tout le monde. Cela a conduit à de la souffrance. Beaucoup de gens souffrent. Je fais actuellement un nouvel essai. Je verrai ce qui va se passer.
Je ne pense pas que quiconque soit digne de les recevoir. Vous devez faire preuve de sainteté pour en être digne. Pourquoi devriez-vous inquiéter les gens au lieu de les aider ? C'est de l'arrogance, voyez-vous.
Si un roi envoie un messager dans un autre pays, son unique tâche est de transmettre le message. J'ai envoyé un messager en Occident, mais il a essayé de devenir un roi. Beaucoup de gens en ont été perturbés, je l'ai vu de nombreuses fois. Que faire ? Cette sorte de comportement relève de l'indignité.
Il se peut que je sois trop généreux et que je ne lise pas les gens correctement. Peut-être est-ce de ma faute parce que je pense que tout le monde est bon. Bien que je parle de la vérité à tout le monde, elle rejette ceux qui n'en sont pas dignes. Seule une personne sainte peut recevoir cet enseignement. Une telle personne en sera digne.
Dans le cas contraire, la vérité pénétrera la tête et deviendra un savoir intellectuel. Les Occidentaux veulent une compréhension intellectuelle. Il sont très heureux quand ils comprennent. C'est tout ce que l'Occident veut : un savoir par l'intellect. Tout le monde sait qu'il y a quelque chose ‘au-delà'. Mais quand j'en parle, les Occidentaux disent : " Je ne comprends pas, je ne comprends pas. " Donc je leur dis : " Vous n'avez pas du tout besoin de comprendre. "
J'avais un ami qui habitait à Paris. Il avait suivi J. Krishnamurti pendant trente-cinq ans. Il voyageait de part le monde, suivant Krishnamurti partout où il se rendait : en Australie, en Nouvelle Zélande, en Suisse, en Angleterre. Il avait étudié tous ses livres.
Il vint me voir à Saanen et je lui ai parlé pendant un certain temps. Après m'avoir écouté, il dit : " Je ne comprends pas, je ne comprends pas. "
Je lui dis : " Vous n'avez pas à comprendre ceci. Ce n'est pas quelque chose à comprendre. Vous devez l'être. "
Il désapprouva : " Non, non. Je dois comprendre. Je ne vous comprends pas et je ne comprends pas Krishnamurti non plus. "
Je lui répondis : " Vous n'avez besoin de comprendre Krishnamurti ou moi-même. "
Il m'expliqua alors pourquoi il avait tant de problèmes avec Krishnamurti : " Je suis au point A et Krishnamurti est au point B. Mais quand je change de perspective de A à B, il se déplace au point C. Donc, je ne comprends même pas Krishnaji. "
Krishnamurti était également à Saanen à cette époque et de nombreuses personnes qui le suivaient venaient me voir. Un homme vint un jour et se mit à parler : " Poonjaji et Krishnaji disent la même chose. Krishnaji dit, " enlevez les concepts du mental " et Poonjaji dit la même chose. Ils disent tous deux, " à moins que vous ne vidiez la coupe du mental, vous ne pouvez vous éveiller. ""
Un disciple de Krishnamurti contesta cette affirmation : " Non, non, il existe une grande différence entre les enseignements de Poonjaji et de Krishnamurti. Krishnaji nous enseigne comment vider la coupe, Poonjaji nous enseigne de briser la coupe. "
Voilà la différence et elle ne peut être comprise par le mental. Vous pouvez comprendre lorsque la coupe est pleine ou lorsque la coupe est vide, mais si la coupe n'existe pas, qui êtes-vous et qu'allez-vous comprendre ? Donc, ce que je dis c'est : " Le mental lui-même n'existe pas, vous n'avez donc pas besoin de comprendre. " Vous devez le voir et le sentir quand je parle. Penser ne vous aidera pas.
Le mental lui-même n'est qu'une idée. Débarrassez-vous de cette idée. Et le mental est le passé, donc débarrassez-vous du passé également. Venez au présent et je vous dirai alors que faire ensuite. Venez au moins au présent et vous verrez.
David : Papaji, beaucoup de personnes viennent au satsang et ont des expériences d'éveil. Certaines d'entre elles reviennent des semaines ou des mois plus tard et disent : " Je l'ai perdue. " Que se passe-t-il là ?
Papaji : De nouveau, c'est qu'ils n'en sont pas dignes.
David : La plupart du temps vous leur reprochez cette perte. Vous leur dites : " C'est de votre faute. "
Papaji : Oui, Oui. Ils l'ont perdue parce qu'ils n'en ont pas pris grand soin. Je dis à ces gens : " Imaginez que je vous donne un gros diamant, vous pouvez en vivre pour le restant de vos jours, vous pouvez le vendre et en obtenir des millions de dollars. Si, au lieu de cela, vous ne reconnaissez pas sa valeur et vous vous en débarrassez, à qui la faute ? Si vous le donnez à la femme d'un pêcheur qui l'utilise pour calibrer ses poids parce qu'elle n'en connaît pas la valeur, à qui la faute ? "
Cet éveil est un diamant. Il ne devrait pas être transmis à des personnes indignes qui en feront un mauvais usage. Et en fait, elles en abusent. Je ne fais pas de distinction entre les gens qui viennent me voir. A tous, je leur dis la même vérité. Certains l'obtiennent et puis la jettent en en faisant mauvais usage.
Ils reviennent et disent des choses du genre : " Mon amie m'a quitté. Je lui ai téléphoné et elle est revenue. Maintenant je suis à nouveau heureux. " Est-ce cela la liberté ? La prochaine fois ils me diront : " Je suis revenu chez moi, mais elle m'a de nouveau quitté. A présent, je suis de nouveau affligé. " J'entends des histoires similaires tous les jours.
David : Papaji, quand les personnes vous quittent, vous ne leur dites jamais : " Prenez soin de ce diamant que je vous ai donné. Prenez-en bien soin. " Simplement, vous leur faites le reproche de l'avoir perdu lorsqu'elles reviennent.
Papaji : Toutes ne le perdent pas. Certaines d'entre elles sont des personnes de toute beauté. Elles m'écrivent et me disent : " Je le garde. Je garde encore ce don précieux. Non seulement je le garde, mais je le partage avec les autres. Après ce partage il est toujours le même, il ne diminue pas. Quel cadeau inestimable vous m'avez fait ! " Toutes ne le perdent pas. Quoique je veuille que tout le monde en bénéficie, je sais aussi que tous ne peuvent pas l'obtenir. Néanmoins, les résultats sont très bons. J'observe les autres ashrams et je vois ce qui s'y passe. Comparés à eux, les résultats que nous obtenons ici sont tout à fait satisfaisants. Je suis très satisfait.
David : Une dernière question, Papaji. Toute votre vie, vous avez essayé d'exprimer votre propre vécu intérieur. Pourriez-vous, je vous prie, faire une nouvelle tentative pour nous ? Qui êtes-vous ? Qu'êtes-vous ? Quel vécu avez vous de votre Soi ?
Papaji : Voici une réponse très facile : " Je suis votre propre Soi. Je suis votre propre Soi, et c'est la vérité. Comment serait-il possible que je fusse seulement moi-même ? Je suis votre propre Soi et le Soi de tous les êtres qui existent et qui viendront à l'existence. "
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