Evidence

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Les diagonales ....

 

 

 

1


Quand viendra l'heure de mourir,
Je préserverai mon sourire,
Tous ces souvenirs merveilleux,
Tous ces moments qui ont compté.

Et mon bâton de pèlerin,
Je le graverai de mes mains.
Je lèverai vers le soleil,
Des yeux remplis de gratitude.
J'entendrai fort, peut-être seul,
Une musique prodigieuse,
Mais je sais qui sont les amis,
Mais je sais qui sont les amours,
Même perdus.

Et voilà que ma tête est lourde,
De souvenirs qui se dispersent,
Je marche de bon appétit,
Dans un paysage grandiose,
Et le silence me fait face,
Puis soudain rien.

Le vent souffle dans la montagne,
Et j'écoute ses fantaisies,
Un couple de faucons s'aligne,
Entre les cimes et le ciel bleu,
Une marmotte fait sa vie,
Qui me dit : Tiens ! Bonjour salut !

Où êtes-vous, Hans et Brigitte ?
Jean-Jacques et Sylvie et Gretel ?
Dans la montagne, sans nul doute,
Alors nous nous retrouverons.
Et puis, perché près du glacier,
Dans le refuge Soldini,
Je sais qu'il y a, qui l'éclaire,
Le sourire d'Ida la brune.

Et puis je marche et puis je vais,
Vers d'autres jours, autres aventures.
Le chien, déjà vieux bien fidèle,
N'en revient pas de tant d'espace,
Il a tout laissé, ses yeux tristes,
Et il s'est habillé de fête.

2
Oh ! si quelquefois tout est sombre,
A ce point tel qu'on n'attend rien.
De toutes les présences, il ne reste qu'absences,
Et de tous les espoirs seulement amertumes.

On a froid dans la nuit, qui sombre interminable,
Et dans nos pauvres mains on dépose la tête,
Puisque plus rien ne passe, au-dehors de notre être,
On garde tout pour soi. Et même la douleur.

On avait cru, tant cru en nos frères humains,
Que toute trahison peut tout bouleverser.
On aurait tant aimé pouvoir faire confiance,
On aurait tant aimé croire en l'humanité.

Et puis voilà que vient l'heure où l'on s'écroule,
Avec nos rêves chauds encore, qui sont crevés.
On est là, sur le point crucial de renoncer,
Et puis non, la lumière vient encore aveugler !

Comme le pèlerin, l'étranger le métèque,
Qui essuie tant à tort des regards soupçonneux,
Comme cet homme bon, qui voulait voyager,
Sur qui les gens jetaient en riant des cailloux !

Le ciel dans sa colère un instant s'est calmé,
Et il a dévoilé un coin bleu lumineux,
On aurait bien pu croire que tout était joué ;
Il n'était pas prévu de rayon de soleil.

Une main qui se tend, une voix qui réchauffe,
Et un sourire pur qui ne peut être fourbe.
Un univers feutré où l'on est invité,
Quand seul, tout comme un chien, on était sous la pluie.

3
Bien non, tous les humains ne sont pas des gros porcs,
Il en est parmi eux qui sont dignes du nom.
L'amour n'est pas parti pour d'autres galaxies,
Il en reste assez, mais il est dispersé.

Comme autant la musique vaut mieux que tous les mots,
Pour parler, pour sentir, pour comprendre et pour vivre,
Des paroles caduques peuvent être inutiles.
Seuls les yeux sont bavards dans les cas les meilleurs.

Comme des animaux, que nous sommes après tout,
Et qui n'ont nul besoin de mots pour se comprendre.
La communication, lorsqu'il s'agit des hommes,
N'est plus simple. Et même drôlement compliquée.

Et à rester longtemps face aux cimes blanchies,
Où l'on entend le vent, qui passe et qui murmure,
Là où il y a nulle ombre sous le feu du soleil,
En des endroits bénis, loin des vacarmes humains.

Des chamois ont laissé des traces dans la neige,
Et le silence seul est là pour succéder,
Un grand tétras parfois, surpris dans son sommeil,
Et puis des papillons qui promènent l'éclat.

J'ai croisé ce matin des ânes bien chargés,
Qui montaient jusqu'au col de lourds fardeaux humains,
Et puis quelques troupeaux de brebis, de moutons,
Groupés dans l'harmonie au milieu des alpages.

Des bouffées de bonheur investissent des âmes,
Lorsque à points réguliers l'émotion est intense,
Qu'attendons-nous humains, nous tous qui puisse encore,
Dans les consciences sombres rendre la frénésie ?

4
Insecte malfaisant, capable de mieux faire,
On y voit mieux d'ici d'infectes termitières.
Et puis tous les malheurs, dont nous sommes orfèvres,
Tous les dérangements qui encombrent nos rêves.

Quelle paix, quel silence, quelle extrême jouissance,
On est là et on reste, on existe et on pense,
Tout autant que le vent qui nous donne des gifles.
Qu'il emporte nos âmes dans les diagonales !

Assis, libre de tout, des entraves communes,
De toutes ces bourrasques qui chahutent l'esprit,
Les mains libres et les pieds d'aller où bon leur plaît,
Et les yeux de voir loin, puisqu'il n'y a plus de mur.

Quelquefois tout d'un coup sans prévenir jamais,
Des bouffées d'euphorie percutent la conscience,
Une fête s'emmène, qui articule tout,
Lorsque tout en nous vibre de cette effervescence.

Quelquefois tout se mêle et l'on ne sait jamais,
Ce qu'il faut dégager qui puisse être meilleur,
Quelle est la vraie musique, quel est le bon chemin ?
Celui droit, ou tordu, ou celui diagonal ?

Ils sont nombreux c'est vrai
A prétendre arriver
Mais pour la vérité
Ce n'est pas toujours vrai.

Et c'est bien pour cela que l'on peut aller loin,
Ou tout proche, selon nos humeurs de l'instant,
Malgré nos prétentions nous ne sommes pas loin
De l'instant qui suivra. Se lève le rideau.

5

Et des portes à ouvrir, et puis encore,
Avant de tout avoir ou bien de tout savoir,
L'homme n'est pas un dieu, puisqu'il ne veut plus l'être,
Mais de tous ses instants il gagne ou bien il perd.

De tous les horizons, des vérités s'emmènent,
Qui sonnent différentes à chaque heure du jour,
Et s'il n'y en avait qu'une, que l'on soit à côté ?
Et s'il n'y en avait qu'une pour chacun de nous ?

La vérité du vent, et celle de la pluie,
Toutes celles des livres et celles des mendiants,
Et parfois l'imprévu d'un rayon de soleil,
Et puis de la musique pour remplacer les mots.

Il nous reste ceci que l'on a emmené,
De ce temps déjà loin, où nous étions derrière,
De ces échecs cuisants que l'on peut mesurer,
Et de cette colère, parfois, des mots perdus.

A la façon de ces américains du sud,
Qui vont souvent si seuls dessus les diagonales,
Et faces au ciel ainsi, ils offrent leur musique,
Avec la poésie du ciel et de leurs vies.

A la façon de ces femmes coiffées,
De cette mélodie qui chante en altitude,
Et puis cette lumière et puis cette chaleur,
Au fond du cœur. Les lamas sont muets.

Heureux le voyageur qui n'a plus rien d'entrave,
Et qui va devant lui où son rêve l'appelle,
Heureux celui qui sait qu'il lui reste à savoir,
Et qui bien à propos apprend de chaque instant.

6

A la façon de ces hommes encore libres,
Mais qui n'oublient pas ceux qui sont restés,
De ceux-là qu'on voit, droit dans le regard,
Qu'ils ont une histoire ! Et ce n'est pas fini.

Et puis il y a le vrai, le faux que l'on montre,
Pollution sournoise qui fait le mensonge,
Quand il faudrait peu, pour que tout d'un coup,
L'abstrait devient clair, fort ce qui est faible.

Il y en a certains, foules clairsemées,
Qui ont la paix dans l'âme et la joie au cœur,
S'ils semblent n'avoir rien, ce n'est qu'apparence,
S'ils se taisent c'est qu'il y a trop à dire.

Oh ! des cœurs d'artistes sont restés secrets,
Bien des musiciens sont restés muets,
Mais voilà bientôt, des millions d'années,
Que l'on fait guignol avec nos idées !

Il est comme ça, l'homme très Brutus,
Qui fait des salades avec ses pétards,
Pour tuer le temps, sous l'asparagus,
Il pleut, il pleut pas. Il fait tôt ou tard.

Comme on a l'air niais lorsqu'on le veut bien,
Comme on sait jouer, tout comme un enfant,
Les théâtres fous, mais qui mènent loin,
Des rêves explosés dans les sentiments.

Etrange musique qui persiste et signe,
Tant de symphonies trop tôt avortées !
Ces poussées soudaines, qui vont et s'alignent,
Jusqu'à faire fort au fond de l'idée.

7

Tout est là qui vient, puisque tout arrive,
Le vent souffle vrai dans les diagonales,
Il y a quelquefois de fortes dérives,
Quelquefois des ports, au bout de nos râles.

Le vent souffle vrai dans les diagonales,
Il n'y a pas d'erreur, en certaines choses,
Et puis justement, voilà que prend forme,
La musique faite pour toutes les choses.

A part lentement, qui monte du fond,
Un soleil chargé d'éclats de lumière,
Qui monte du fond, entre les maisons,
Comme fait l'espoir en toutes prières !

Les viles sont loin, les foules aussi,
En pareils endroits arides et sauvages.
On y devient seul, lorsqu'on est assis.
On y devient fous à certaines pages.

Paroles et murmures, si bas fredonnés,
En chaque regard, un vaste univers,
Chants d'espoir nombreux, à peine entonnés,
Possibilités, à peine ébauchées.

Un home, une femme, et puis un enfant,
C'est bête et c'est simple, et c'est contagieux,
Folle épidémie de fêtes multiples,
Probabilité de joies et de peines.

Des amours déçus, des amours truqués,
Et tous à chercher ce que très peu trouvent,
Quand de rares fois on joue pour de bon,
Une partition pure et sans défaut.

8

Le chemin est long, lorsque l'on s'ennuie,
Si l'on se retourne, on regarde loin,
Rire le passé, lorsqu'il l'a daigné,
Et ces autres fois qui nous laissent las.

Juste en équilibre, sur le temps présent,
Notre âme bascule, notre pas hésite,
Et tout est bloqué, excepté devant,
Où il nous faut bien malgré tout aller !

L'incertain obscur, si cela existe,
Peu à peu s'éclaire, à chacun des pas,
Jamais inutiles, c'est comme cela,
Brusquement des fois que tout devient clair.

Jamais fantasme aussi puissant,
Sensation de réalité,
Environnement déjà vu,
Ces êtres que l'on reconnaît.

Puisse dessus les diagonales,
Bien se préserver le silence,
Puisse, par-delà leurs limites,
Se préserver quelques miracles.

Ténébreuse insolence, de l'homme trop petit,
L'espace lui échappe, et il lui court après,
Mais s'il veut que le monde, un jour change vraiment,
Il lui faudra changer lui-même plus que tout.

Hé ! Hé ! dit l'intrépide petit morceau d'artiste,
Il y en a des millions dans le ciel des étoiles,
Et les choses peuvent se rassembler,
Aussi les choses peuvent se disperser.

9

Mais qu'est-ce qui est grave ?
Qu'est-ce qui ne l'est pas ?
Dans le discernement on se perd, on patauge,
En quittant sa place on trouve la jungle,
Ah ! Ah ! Dit celui-là, en sa tête pareille.

Mais quelles sont intactes, ces émotions féroces,
Dessus les diagonales qui nous enchaînent au vent,
Et très vite indicibles, très vite pour soi-même,
Juste en dedans de nous en ce lieu si secret.

Crier, crier, crier !
Dire les mots d'amour sans plus les calculer,
Voir sans plus ne rien déformer,
Entendre sans interférence,
Retrouver la simplicité.

Je voudrais dire : il y a un arbre,
Et puis rien d'autre, un arbre seul,
Planté là au milieu du pré,
Et après ? Il y a la montagne.

S'il est un mot d'amour, c'est bien « complicité »
A peine prononcé voilà qu'il s'éparpille,
Il se passe des choses, et l'on est concerné,
Sous ton indifférence il y a ton intérêt.

Il est beau, le visage pur et noble d'airain,
De ces statues glorieuses qui jettent l'homme au ciel,
Mais voilà, plus petits et plus humbles ils sont les plus nombreux,
A être de ce monde ceux par qui tout advient.

Et tout aussi fréquents, les moments où de rien,
Sans prévenir surgit une peine profonde,
On s'attendait au mieux, et voilà le plus dur,
Et l'interprétation varie à chaque fois.

10

Des êtres, et le dialogue qui s'instaure entre eux,
A défaut de pouvoir l'étendre à plus de nombre,
Parfum particulier, d'un état spécifique,
Des vibrations subtiles qui s'accordent et transitent.

On entend des soupirs
Qui montent des êtres !
Allons-nous tous mourir
Ou bien alors renaître ?

L'incertitude encore
A chaque fois poussée
Les visages des morts
Restent dans nos pensées.

Pour chaque éclat de rire
Un océan de larmes
Ou donc se tient le pire
Dans le cœur ou les armes ?

Quoi qu'il puisse y avoir dans les sentiments,
Je l'aime, ma vie de saltimbanque,
Quoi qu'il puisse y avoir en l'événement,
Des choix sont possibles et jamais ne manquent.

Des milliards d'étoiles, et puis un soleil,
Les menteurs nous disent que nous sommes peu.
Qui n'a qu'une oreille, et qui n'a qu'un œil,
Perd bien la moitié du total des vœux.

En de ces endroits, où il n'y a personne,
Je file mes pas sur les diagonales,
J'envoie à l'écho, des sons qui résonnent,
Il y a de ces choses pas beaucoup banales.

11

Et que de prévoir, de prévoir encore,
Nous trouve surpris de tant de possible,
Et si loin de toi peut rester mon corps ;
Toutes mes pensées te prennent pour cible.

Descendant les pentes, et grimpant les monts,
Et le ciel s'approche, et puis il s'éloigne,
On cligne des yeux, sur le vif profond,
De cette lumière qui de tout témoigne.

Dans le fond de tes yeux mon regard s'est éteint,
Dit Léo, sur les mots il glisse la musique,
Et voilà. Le vent disperse le matin,
De petits airs têtus qui sont magiques.

Quelques maisons perdues, perchées dessus les crêtes,
Quelques êtres isolés qui savent ce qu'ils sont,
Des airs chargés de bruits, qui voyagent et nous heurtent,
Et le discernement qui se fait de nos fronts.

Un jour pour une page, et un livre se fait,
Des lettres puis des mots, des chapitres des tomes,
Chaque page est un jour, chaque jour une idée,
Qui raconte l'histoire singulière de l'homme !

La force dispersée quelquefois se rassemble,
Et l'état général tout d'un coup s'améliore,
Vois, hier j'étais malade, et d'y penser j'en tremble,
Aujourd'hui me voilà, et je suis là encore.

Ecoute bien ce swing qui se joue quelque part,
Quand il te prend les côtes, et t'enlève du sol,
Pouah ! l'artiste, quel rêveur sot qui croit en l'art,
Diront les affameurs demeurés sur le sol.

12

La rose des vents, les points cardinaux,
Pour n'être à personne appartiennent à tous,
La rose des vents, sous les oripeaux,
Des pensées sont justes, d'autres sont de fous.

Quand l'adversité fait ombre à nos joies,
La peur de mourir freine nos élans,
La peur de vieillir, de n'être pas soi,
D'absorber de trop des déchets radiants.

L'univers pourtant, est si vaste et plein,
Pareil à ces cœurs qui contiennent autant,
Des choses prodigieuses, qui nous veulent du bien,
Que nous gardons cachées, comme passe le temps.

Ah ! Le but, l'essentiel, le parfait et le vrai !
Comme si l'un de nous détenait le savoir,
Ah ! Toutes ces entorses, ces chutes et ces plaies !
Quel est le médecin qui pourrait tout prévoir ?

La lumière change, et persiste et signe,
A chaque seconde un instant nouveau,
Tout vers le réel, mais couvert d'indignes,
Et perfides envies de le voir pas beau.

Ecoute les cuivres, et le vent qui passe,
Que soufflent des hommes de tous leurs poumons,
Ecoute cet air, qui vibre et qui passe,
Juste un bref instant prends-le comme un don.

Les hommes sont répartis sur la terre sous des climats différents.

Un monde sans problèmes à résoudre pourrait être effroyablement ennuyeux.

L'amour, la mort, etc.…

La musique est la sève de l'espérance.

Qui monte du fond, l'imprévu détail,
Qui bouleverse tout jusqu'à nos idées !

Trêve d'impuissance, voilà le possible,
Comble de patience, voilà, disponible.

13

L'humour, c'est ce qui nous permet de reprendre pied.
De réduire des états de tension parfois insupportables.
De dédramatiser nos excès,
et redonner aux êtres et aux choses une dimension plus acceptable.

- Sale rêveur ! on me dit,
Comme on dirait : Sale chien ! A un chien.

Et après tout ?
Et pourquoi pas ?
Un monde rond
Tout plein peuplé
Planète à fond
Très peu lactée
Ils sont sur terre
Quelle misère
Ça craque fort
Au contrefort.

Et d'élections en élections,
De responsables en responsables,
Tour des problèmes en érection,
Le jeu des guignols est passable.

Agitation, propagation,
Les faucons se voudraient vainqueurs,
Avec la force des canons
Contre celle enfouie dans les cœurs.

Où sont les idéaux ?
Les rêves anéantis ?
Les projets les plus beaux ?
Cet enfant qui est petit ?

Ou les idéalistes
Qui gardent un idéal ?
N'y a t il plus d'artistes ?
Plus rien qui soit génial ?

14

Pauvre misère
La faute à l'autre,
A Dieu le père,
A son apôtre.

Dans les diagonales il y a des visions,
Qui s'imposent et prennent de vraies dimensions,
Et bien au-delà d'où va le regard,
Loin de la torpeur de médiocres hasards.

Et voilà la vie, qui passe et qui crie,
Comme les petits, lorsqu'ils viennent au monde,
Et voilà la vie, qui fait tout ce bruit,
Comme sont nos cris de quitter ce monde.

Mais oui je le peux, en regardant loin,
Voir bien tout l'obscur, qui peux tout couvrir,
Mais certainement, qu'il y a des fois,
Qui préfèrent à vivre le verbe mourir.

Tout ce lourd fardeau de l'insanité,
Obscène, incongru, et toute la suite,
Les noires besognes, de pauvres tarés,
Engendrant des maux jusqu'à leurs limites.

Ah ! que sont les coups, sur notre patience,
Quels coups de boutoir sur les harmonies !
Doit-on tout laisser, et notre conscience,
Et baisser les bras pour des calomnies ?

D'autres dimensions découvrent l'esthète,
Qui de tout partout perçoit le meilleur,
En d'autres façons, pour des yeux la fête,
Mais pour d'autres aussi l'objet de leurs peurs.

15

Poète écriteur sur sa table magique
Qui flambe des journées à de tout s'étonner,
Et des nuits aussi, face aux féeriques,
Grandeurs du cosmos qui viennent appeler.

Pour tous les coups du sort ceux qui sont déformants,
Et les autres meilleurs, que l'on garde en mémoire,
Ce que l'on laisse en route, ce que l'on en comprend,
Ce que l'on croit aimer et ce que l'on croit croire.

Oui, bien sûr, tout cela qui vient contrarier,
Mais où est l'essentiel, sinon au fond de nous ?
Oui, bien sûr, ces moments où l'on veut s'arrêter,
Quand le temps dans le dos nous pousse, quand il est fou.

Entre deux diagonales une portion de ciel,
Un appel sans façon, un instant non triché,
Ils existaient toujours, les trucs artificiels,
Mais il est d'autres choses, à tort souvent cachées.

Le spectacle voit-il celui qui le regarde ?
Comédies, parodies, carottes et bâtons,
Rôles pas toujours drôles, scènes parfois bâtardes,
Et tout ça exposé jusqu'à saturation.

La musique funèbre, dramatique à souhait,
Disponible en réserve pour de potentiels drames,
Et cette autre, plus forte et plus juste et plus vraie,
Oui, tout ce que l'on veut, des rires ou des larmes.

La peur, pieuvre mythique et tous ces tentacules,
Qui poursuit dans nos rêves, le soleil devient noir,
Qui nous met sur les yeux des bonnets ridicules,
Qui retiens nos élans, qui brise notre histoire.

16

Puisque je dis sans cesse, que l'on ne m'entend pas,
Et depuis si longtemps que j'ai soif tout le temps,
Puisque j'écoute en liesse, que l'on ne le voit pas,
Alors je prends, je garde cette saveur du temps.

Conscient de bien des choses, et ma mine de rien,
Et les mains dans les poches et les yeux dans le vague,
Des rires en secret, qui naissent et restent miens,
Des choses insensées dont les hommes se targuent.

Il y a bien, qui s'éloignent encore et chaque jour,
De subtils souvenirs qui me font nostalgique,
Et tous ceux de l'instant, pour tous les prochains jours,
Des silhouettes de femmes sur un fond de musique.

Rien n'a été fait, de définitif,
Et puis tout d'un coup, voilà qu'il s'affole,
Il tient dans ses mains, de sorcier craintif,
L'espoir ou la mort, qui agite sa fiole.

Je reste à m'emmerder, à chercher mon semblable,
Parmi des gens qui tuent et qui sont pleins de haine,
Oh ! que de choix offerts, s'avérant déplorables,
Que de bonheurs tués et transformés en peines.

Pourtant rien ne s'en va ne part vraiment,
Quelque part, quelque part il reste quelque chose,
Ou ça passe ou ça casse, c'est dans l'événement,
Ou tu meurs ou tu vis, ou tu pleures ou t'exploses.

Des choses bien marrantes, et qui restent accrochées,
Comme ça, dans le dos d'où l'on vient d'avancer,
Et puis tous ces moments qui furent des cadeaux,
Ces instants trop furtifs où l'on comprend les mots.

17


Des couchers de soleil et des ciels étoilés,
De soudaines ivresses, au fond des sentiments,
Des moments d'allégresse, et de joies dévoilées,
Le bonheur n'est pas mythe ; il est dedans le temps.

Et puis les diagonales se sont estompées,
Le ciel s'est éloigné, les odeurs ont changé,
Et puis les diagonales se sont effondrées,
Quand dans la ville je suis retourné.

J'ai changé de monde, mais j'ai tout gardé,
Même ces sourires où nous sommes bien,
Tant pis si c'est gris, un peu amoché,
Tout cela autour qui reste nos liens.

Et je sais très bien ne pas être seul,
Mais être nombreux, puisque nous le sommes,
Des choses à saisir, qui passent et qui volent,
Comme des miracles qui changent des hommes.

Des airs de musique, des chansons précises,
Des mots très puissants qui changent le monde,
Certains volent bas, d'autres qui incisent,
Ceux qui assassinent tout à la ronde.

Dans les diagonales on entend le vent,
Léger ou bien fort, tendre ou agressif,
On entend le souffle que souffle le temps,
Et pendant l'instant, on respire vif.

Comme j'aimerais pouvoir raconter,
Partager cela, qui bouillonne en moi,
Pouvoir dire tout, à l'heure du thé,
Toutes les erreurs, les montrer du doigt.

18

Au lieu de cela, voilà que la ville,
M'envoie dans les dents sa réalité,
Mais j'en connais d'autres, toutes aussi valides,
Quand chaque contexte a sa part de vrai !

L'on peut compliquer, l'on peut compliquer,
L'essentiel est simple, et à la portée,
Si rien ne va bien, il faut donc changer,
Mais voilà vraiment la difficulté.

Des lettres d'amour, dans la cheminée,
Qui brûlent et répandent un ciel d'amertume,
Des mots qui s'en vont, chargés de regrets,
Tout précipités d'un coup dans les flammes.

Il ne reste rien, tout est bien caché,
Je peux dans la foule aller me noyer,
L'interprétation varie de saisons,
Et les médisances hantent les maisons.

Un jardin bien gardé, invisible sans doute,
Ou je m'en vais des fois, pour me perdre en entier,
C'est qu'il y a tant de doutes, c'est qu'il y a tant de routes,
Et le temps qui s'échappe, où l'on peut tout manquer.

Sur la toile de fond, le cosmos intrépide,
Et puis nous, guetteurs infatigables,
Sur la boule qui tourne, et d'un rythme rapide,
Dans des rôles parfois quelquefois déplorables.

La perception des choses est une œuvre de soi,
Et l'on récoltera la moisson de nos dons,
Le bonheur, le malheur, ensemble dans nos pas,
Quand l'on veut bien voir l'un, ou l'autre, et sa raison.

19

Les ingrédients sont là, l'usage est à venir,
Et nous présents, encore à hésiter sur les choix essentiels,
A ne plus rien oser, à laisser tout partir,
Trop tôt, trop tard.

Comment faut-il hurler, pour espérer aimer,
Quel endroit pour poser son masque pour de bon ?
Je connais des endroits délicieux, des clichés,
Les petits trucs magiques qui nous font des ponts.

Oh ! les histoires étranges, quelquefois dérisoires,
De l'amour bien souvent, mais parfois le désert,
De tempérées, violentes, ou douces des histoires,
Et celles d'aujourd'hui qui deviendront d'hier.

Ces si précieux instants où l'on doute d'agir,
Ces possibilités, que l'on laisse pourrir,
Ces regrets potentiels qui peuvent tout venir,
Et puis, éparpillés, on entend des fous rires.

L'oreille en l'air, attentive à toutes les musiques,
Cette envie de danser qui nous prend dans les hanches,
Mais ces casseurs de fêtes, qui ne sont pas comiques,
Mais des poids, des fardeaux, qui font tant que l'on penche.

Et le temps propulsé, qui s'en fout et qui passe,
Et qui pousse, qui pousse du début à la fin,
Comme un cynique acteur, mais qui ferait des farces,
Lorsqu'il fond sa valeur dans l'aspect d'un chemin.

Et nos yeux qui se croisent, et qui cherchent et qui cherchent,
Dans l'immensité vide une lueur sacrée,
Dans des méandres fous, jusqu'où l'espoir se perche,
Des petits bouts d'espoir à reconstituer.

20

Tout peut finir demain, le rideau peut tomber,
La pièce aura été exquise ou dramatique,
Mais ceux qui sont partis, que l'on entend souffler,
Quand ils nous voient gémir et remplis de panique !

Mais tout cela qui est, et qui ne convient pas,
Mais l'amertume à flot sur nos rêves brisés,
L'amour qu'on voudrait là, et qui n'existe pas,
Tous ces rêves et l'espoir que l'on met au panier.

Voilà, juste pour chaque une portion de temps,
Et fais avec cela la vie que tu voudras.

Bien secrète raison, qui pousse à agir tel,
Quand il faut chaque instant paraître pour rassurer,
Normaliser l'aspect, dissimuler l'appel,
Qui secoue violemment, pourtant rien ne paraît.

Bien réelle douleur, aux abords de l'angoisse,
Quand il faut tout tenter pour tenir malgré tout,
Et de faire semblant, pendant qu'à coup sûr croissent,
Des sentiments pourris qui nous entraînent au bout.

L'espoir il était là, on y a cru un moment,
Mais à tout demander on ne trouve plus rien,
Peut-être est-il possible… et tout devient frustrant,
On attendait l'amour, et on y croyait bien.

Dans la boîte crânienne d'un curieux spécimen,
Se font et se défont des idées singulières,
Et puis de ces idées, des actes fatidiques,
Qui préparent ou déparent, qui emportent ou rapportent.

*

http://fr.youtube.com/watch?v=HKjPM-PnwCY

 

 



28/01/2008
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