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Les citations de Pierre Reverdy

 

 

    Les citations de Pierre Reverdy 


    «Il ne faut pas oublier que religieux n'est pas plus synonyme de saint que soldat ne l'est de héros.» 



    «Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte.» 



    «Le coeur n'est jamais si bien en équilibre que sur un tranchant d'acier.»



    «Aimer, c'est permettre d'abuser.» 


    «L'homme est une bête féroce, par elle-même apprivoisée.» 



    «Ce qu'il y a de mieux dans la modestie, c'est l'intelligence qu'il faut déployer pour s'y tenir.» 




    «On vit avec beaucoup de mauvaises actions sur la conscience et quelques bonnes intentions dans le coeur.» 


    «La vie est une chose grave. Il faut gravir.» 




    «Le moi est haïssable. Aimer le prochain comme soi-même, c'est tout dire.» 



    «Libre de parler sans rien dire et de choisir sans aimer.» 



    «La main de Dieu nous paraît souvent rude parce qu'il traite ses amis débiles avec un gant de crin.» 


    «Le contemplatif est celui pour qui l'envers vaut plus que l'endroit.» 



    «On croyait qu'il était à la tête d'une immense fortune - on ne se doutait pas qu'il était à ses pieds.» 



    «La mauvaise conscience, c'est pour les hommes ; les femmes l'ont presque toujours bonne, quand elles en ont.» 



    «Je suis armé d'une cuirasse qui n'est faite que de défauts.» 




    «Les civilisations sont les fards de l'humanité.» 



    «Beaucoup d'insensibilité prend parfois figure de courage.» 



    «Que resterait-il de l'histoire du monde, si l'on n'admettait que l'erreur fait partie de la réalité ?» 



    «Il n'y a qu'une chose qui se démode : la mode, et c'est la mode qui emporte le succès.» 



    «L'éthique c'est l'esthétique de dedans.» 



    «Le rêve est un tunnel qui passe sous la réalité. C'est un égout d'eau claire, mais c'est un égout.» 



    «On s'aperçoit qu'on a un estomac bien avant de se douter qu'on a une âme.» 




    «La poésie est à la vie ce qu'est le feu au bois. Elle en émane et la transforme.» 



    «La poésie ne mène à rien - à condition de ne pas en sortir.» 




    «Ce n'est pas si simple que ça, d'être simple.» 



    «J'ai tellement besoin de temps pour ne rien faire, qu'il ne m'en reste plus assez pour travailler.» 




    «Vieillir, c'est aussi savoir combien de choses peut emporter le vent.» 



    «L'avenir est un paradis d'où, exactement comme de l'autre, personne n'est encore jamais revenu.» 



    «La carrière des lettres et des arts est plus que décevante ; le moment où l'on arrive est souvent celui où on ferait bien mieux de s'en aller.» 



    «Les yeux sont les miroirs du corps, ils en disent beaucoup plus long sur l'état de nos viscères que sur celui de notre âme ou de notre esprit.» 



    «Un poète ne vit guère que de sensations, aspire aux idées et, en fin de compte, n'exprime que des sentiments.» 



    «Il faut prendre très tôt de bonnes habitudes, surtout celle de savoir changer souvent et facilement d'habitudes.» 


    «Créer, c'est penser plus fortement.» 



    «L'évidence paralyse la démonstration.» 


    «Mais au fond, il n'y a pas d'amis, il n'y a que des complices. Et quand la complicité cesse, l'amitié s'évanouit.» 



    «Pour les femmes, le meilleur argument qu'elles puissent invoquer en leur faveur, c'est qu'on ne peut pas s'en passer.» 



    «Rien ne vaut d'être dit en poésie que l'indicible, c'est pourquoi l'on compte beaucoup sur ce qui se passe entre les lignes.» 



    «Le merveilleux n'est pas ici ou là, il est en face, toujours en face. Inutile de regarder ailleurs, ni plus haut ni plus bas.» 



    «La caresse est le produit d'un long polissage de la bestialité.» 


    Pierre Reverdy 


    Né à Narbonne le 13 septembre 1889 
    Décédé à Solesmes en 1960 


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    Quelques poèmes de Pierre Reverdy : 


    TARD DANS LA VIE 


    Je suis dur 
    je suis tendre 
    Et j'ai perdu mon temps 
    A rêver sans dormir 
    A dormir en marchant 
    Partout où j'ai passé 
    J'ai trouvé mon absence 
    je ne suis nulle part 
    Excepté le néant 
    je porte accroché au plus haut des entrailles 
    A la place où la foudre a frappé trop souvent 
    Un coeur où chaque mot a laissé son entaille 
    Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement 




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    La Saveur du réel 

    Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace. 
    Il se mit à courir espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les pavés étaient humides et ses bras battant l’air n’ont pu le retenir. Dans sa chute il comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber. 




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    Orage 

    La fenêtre 
    un trou vivant où l'éclair bat 
    Plein d'impatience 
    Le bruit a percé le silence 
    On ne sait plus si c'est la nuit 
    La maison tremble 
    Quel mystère 
    La voix qui chante va se taire 
    Nous étions plus près 
    Au-dessous 
    Celui qui cherche 
    Plus grand que ce qu'il cherche 
    Et c'est tout 
    Soi 
    Sous le ciel ouvert 
    Fendu 
    Un éclair où le souffle est resté 
    Suspendu. 




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    Outre mesure 

    Le monde est ma prison 
    Si je suis loin de ce que j'aime 
    Vous n'êtes pas trop loin barreaux de l'horizon 
    L'amour la liberté dans le ciel trop vide 
    Sur la terre gercée de douleurs 
    Un visage éclaire et réchauffe les choses dures 
    Qui faisaient partie de la mort 
    A partir de cette figure 
    De ces gestes de cette voix 
    Ce n'est que moi-même qui parle 
    Mon coeur qui résonne et qui bat 
    Un écran de feu abat-jour tendre 
    Entre les murs familiers de la nuit 
    Cercle enchanté des fausses solitudes 
    Faisceaux de reflets lumineux 
    Regrets 
    Tous ces débris du temps crépitent au foyer 
    Encore un plan qui se déchire 
    Un acte qui manque à l'appel 
    Il reste peu de chose à prendre 
    Dans un homme qui va mourir 




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    Chemin tournant 

    Il y a un terrible gris de poussière dans le temps 
    Un vent du sud avec de fortes ailes 
    Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant 
    Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant 
    des voix rugueuses qui se plaignent 
    Un goût de cendre sur la langue 
    Un bruit d'orgue dans les sentiers 
    Le navire du coeur qui tangue 
    Tous les désastres du métier 
    Quand les feux du désert s'éteignent un à un 
    Quand les yeux sont mouillés comme 
    des brins d'herbe 
    Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles 

    Le matin à peine levé 
    Il y a quelqu'un qui cherche 
    Une adresse perdue dans le chemin caché 
    Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent 
    A travers les branches cassées 
    Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées 

    Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte 
    règle le mouvement et pousse l'horizon 
    Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent 
    Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons 
    Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête 
    Des visages vivants 
    Tout ce qui s'est passé au monde 
    Et cette fête 
    Où j'ai perdu mon temps 

    © Gallimard 


    Lien pour en savoir plus: 

    http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/reverdy/reverdy.html




08/12/2010
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