Evidence

Le cours des choses




Cette fois-ci tu l’avais mis vraiment en colère. C’est vrai que chaque fois que tu parlais de lui, c’était pour en dire du mal. Tu ne l’aimais pas, tu le détestais même, tu refusais de le suivre, comme tout un chacun.
Mais impossible de faire taire en toi cette voix qui te disais que tu ne lui échapperais pas. Tu le savais. Toute ton obstination allait dans ce sens ; tu lui mettrais des bâtons dans les roues, tu gênerais son travail, tu parlerais d’autres choses pour te changer les idées et l’oublier. Mais tu n’y parvenais pas.

Le plus souvent, c’était dans l’intimité de ta salle de bain que tu constatais avec effroi les coups et les blessures qui lui étaient imputables. Ta haine pour lui grandissait à chaque nouvelle marque. Et rien de ton corps n’était épargné. Il s’acharnait à te détruire, pensais-tu, et te bouffait même ton énergie et ta vigueur. Tu te sentais si lasse !

Mais cette fois-ci tu l’avais mis vraiment en colère. Il avait bonne conscience et ne comprenait pas ta haine. D’habitude on admirait sa constance et la minutie de son travail. Et puis on lui prêtait la faculté d’arranger tellement de choses…
Ta résistance ne lui convenait pas du tout. C’en était trop !

Il défonça sans ménagement la porte de ta salle de bain, te tira par les cheveux, te botta le cul. Puisque tu ne voulais pas le suivre et bien il t’entraînerait de force.

Tes cheveux blanchissaient à vue d’œil, ton regard devenait terne et ta peau sèche.

Le Temps était vraiment en colère cette fois ! Et il te poussait devant plus vite que tu ne voulais aller. Pour te punir de ta subversion.

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