Evidence

Amoureux fou furieux de l’espace infini,
Il aime la montagne, c’est un peu son pays,
Quand il venait rôder, près de l’ordinateur,
C’était pas vraiment ça son truc, mais quelquefois,
Il se laissait tenter, en toute bonne foi,
A déposer un peu de ses secrets bonheurs.

Albert c’est un pseudo, mais les pseudos s’animent,
Pas forcément toujours de manière anonyme,
Voilà qu’ils s’émancipent, et trouvent leur mesure,
Ils échappent à l’auteur qui leur a donné vie,
Trouvent des mots nouveaux, poussent leurs propres cris,
Et quand on ne voit rien ils voient des ouvertures.

C’était donc lui le pâtre, pèlerin des alpages,
Balayant du regard les vastes pâturages,
Il allait diagonal, à n’en plus s’arrêter,
La tête dans le ciel et les rêves intacts,
De sentiments puissants, qui font un fort impact,
Dans une plénitude qu’il aimait raconter.

C’est lui le musicien, qui venait bien à point,
Jouer pour mon plaisir quand je n’allais pas bien,
Personnage atypique, poète de fiction,
Après tout chacun a le dieu qui lui convient,
Alors je me contentais bien de ce copain,
Pour envoyer des mots écrire des chansons.

Albert il reviendra, un de ces jours prochains,
Remplir ma feuille blanche un de ces beaux matins,
Je le laisserais faire, ma confiance est entière,
Je peux de temps en temps, lui confier mon crayon,
Il pourra comme il veut griffonner ses brouillons,
Exprimer, à son aise, le sens de ses prières.

Dans les diagonales
Il y avait des fois
Pas vraiment banal
Un ciel jusqu’à toi…

*

Michel Liotard