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Arnaud Desjardins, mort d'un sage

 

 

 

 

 

 

 

“La paix toujours présente” : il est à la fois beau et prémonitoire, le titre du dernier livre d’Arnaud Desjardins. L’ancien réalisateur de télévision devenu maître spirituel et qui fit connaître aux Français les spiritualités orientales, s’en est allé ce mercredi 10 août. Il est décédé à l’âge de 86 ans à Grenoble où il avait été hospitalisé dernièrement.

Parcours atypique que celui de ce jeune homme né dans un milieu protestant et, qui, à l’occasion d’un séjour en sanatorium à St Hilaire du Touvet, découvre à l’âge de 17 ans les sagesses orientales. Il n’aura de cesse d’approfondir cette voie, profitant de son métier de réalisateur à l’ORTF pour sillonner, en famille, les terres d’Orient et dresser le portrait de grands maîtres spirituels.

Ses films qui feront connaître aux Occidentaux le bouddhisme tibétain, le soufisme arabe ou les monastères zen du Japon connaîtront un grand succès.

En 1965, au Bengale, c’est la rencontre décisive avec celui qui deviendra son maître, Swami Prajnanpad, et la révélation de l’Adhyatma yoga qu’il importera en France dans les années 70. Au fil de ses livres (une quarantaine au total), Arnaud Desjardins devient lui-même une sorte de “gourou” c’est-à-dire de “sage”. C’est ainsi qu’il crée le premier ashram français, d’abord au Bost en Auvergne puis dans le Gard.

Il y accueille tous ceux prêts pour le grand voyage de la transformation intérieure. L’engouement est tel qu’il lui faudra déménager sa communauté, en 1995, dans un grand domaine de 170 hectares à St-Laurent-du-Pape en Ardèche (près de La Voulte).

À Hauteville, voisinent chapelle tibétaine, mosquée, temple zen dans le respect de toutes les traditions spirituelles.

Arnaud Desjardins, rencontré alors par le Dauphiné Libéré, déclarait vouloir “y enseigner le fonds commun de toutes les spiritualités : moins d’égoïsme, plus d’amour du prochain et plus d’ouverture et de tolérance”.

C’est là que devrait se dérouler lundi la cérémonie d’adieu au maître, dans la plus stricte intimité. La rumeur a couru que le Dalaï-Lama - dont il était très proche tout comme de Matthieu Ricard – serait présent.

Une information formellement démentie par les responsables.

 

par la rédaction du DL le 13/08/2011 à 05:34
 
 
 
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mardi 1 mars 2011

La Paix toujours présente avec Arnaud Desjardins

 
Cet ouvrage a été composé à partir de réponses données à différents auditoires en quête du sens de l'existence. L'auteur y prouve qu'au-delà, ou plutôt, en deçà des philosophies et des théologies contradictoires, un dénominateur commun à toutes les voies de transformation personnelle — religieuse ou non — fait l'unité : il s'agit de demeurer dans la paix, la sérénité et l'amour, valeurs qui n'ont pas de contraires. Ce dépassement des opposés (réussite/échec, bonheur/malheur, création/destruction...) demande ce que la tradition chrétienne désigne par « la mort du vieil homme » et « la naissance de l'homme nouveau », ce que le soufisme dénomme « fana » et le bouddhisme « nirvana ». Plus qu'un changement, c'est une véritable métamorphose intérieure à laquelle nous convie Arnaud Desjardins. Le verset le plus célèbre des Upanishad nous concerne tous : « De l'irréel conduis-moi au réel, des ténèbres à la lumière, de la mort à l'immortalité. » Il y a en nous une énergie fondamentale qui ne meurt pas : à nous de la trouver.



Rencontre avec Arnaud Desjardins.
Marc de Smedt - Ce livre me semble fait de réponses très personnelles à des questions qui se posent à tous. Est-ce vrai ?

Arnaud Desjardins - Oui, et j'ajouterai que j'ai décidé que ce serait mon dernier livre, mon testament. Tout a été dit, seule change la façon de le dire. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter à mon message. A quatre-vingt-cinq ans passés, j'ai juste voulu insister dans cet ouvrage sur la guérison psychique et spirituelle qui se trouve à la portée de chacun, à condition que l'on cherche à connaître un état intérieur de sérénité, de liberté et de plénitude.

Marc de Smedt - Quels moyens préconisez-vous pour y arriver ?

Arnaud Desjardins - Vous savez, toute expérience courante est faite de contraires : la frustration se mêle à la gratification, la joie à la tristesse, la satisfaction à l'insatisfaction... Le tout est de trouver en soi l'état qui n'a pas de contraires. Il n'est pas réservé à une minorité de sages et de libérés vivants ! Dans mon livre, j'explique en détail comment nous libérer de ce jeu d'émotions, de pensées et d'inquiétudes qui nous habite.

Marc de Smedt – Beaucoup de personnes sont actuellement habitées par l'inquiétude écologique, financière, humaine. La perte de sens est générale, la peur de l'avenir occulte tout. Que faire pour contrer cette sinistrose ambiante ?

Arnaud Desjardins - D'abord, chacun doit savoir ce qu'il peut faire personnellement pour agir efficacement dans la réalité et selon les circonstances qui se présentent à lui, afin de réagir avec sagesse à son propre niveau. Et puis il faut trouver en soi ce qui est épargné par la peur permanente. Vivre dans une certaine paix intérieure aide à faire partie de la guérison du monde plutôt que de sa maladie ! Le monde intérieur est vaste : essayons de ne pas y voir que les nuages et trouvons en nous-mêmes le ciel bleu qui sous-tend tout cela !


 Publié par Acouphene
 
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Arnaud Desjardins

De la maîtrise aujourd’hui

Arnaud Desjardins vient de nous quitter, la nuit du 10 août 2011, à 86 ans Cette formidable figure de la spiritualité en France venait de publier un livre : La Paix toujours présente à la Table Ronde qu’il disait être le dernier : c’était prémonitoire. 
Il y fait la synthèse de ce qu’il a appris, reçu et transmis au fil d’une existence incroyablement riche et féconde. Devenu réalisateur de télévision, il tourne en effet dans les années 60 une série d’émissions consacrées à l’Inde spirituelle, puis aux maîtres tibétains en exil, aux soufis d’Afghanistan, pays alors paisible et accueillant, jusqu’au Japon où il découvre l’univers des temples zen. Ces films, qui connurent un grand succès lors de leur diffusion, lui permirent de rencontrer et vivre auprès de personnages exceptionnels tels la sainte Ma Ananda Moyi, le Dalaï Lama ou le maître zen Deshimaru, pour ne citer qu’eux. Il fera aussi passer leur message, qui deviendra le sien, par de nombreux livres et des enseignements oraux. Dans ce livre il aborde aussi bien la question de notre libre arbitre, que la façon de gérer notre quête intérieure en sachant discriminer les énergies saines et malsaines en nous. Pour lui, chacun de nous possède en soi un espace spirituel fait de calme et de sérénité qu’il s’agit de découvrir sous la masse de nos pollutions psychiques et émotionnelles. Il rappelle que pour réussir notre parcours intime d’évolution nous avons besoin d’un véritable entraînement moral, intellectuel et physique. Chez les anciens grecs le mot ascèse signifiait : l’art de s’entraîner. A chacun sa façon de trouver sa façon de faire ! 
C’est là tout le sujet de ce rare témoignage, qui nous enseigne à retrouver un équilibre fondamental orienté vers l’essentiel. 
Arnaud fut l’une de mes toutes premières interviews en 1969, quand, jeune journaliste, je travaillais au n° spécial Planète Plus sur le saint hindou du 19ème siècle Ramakhrishna (réédité depuis au Courrier du Livre). Je me souviens lui avoir posé la question de savoir si, sur la voie spirituelle, on pouvait atteindre une étape ultime, un samadhi définitif, quoi ! Il avait éclaté de rire et m’avait répondu : « oui, on traverse des étapes pour s’apercevoir en fait que c’est toujours plus loin ! » C’est un être magnifique qui disparaît aujourd’hui. Il avait su défendre les principes d’une spiritualité laïque ouverte, tolérante et profonde, adaptée à notre temps. 
J’écrirais longuement sur lui plus tard mais je tenais, dans l’émotion de cette triste nouvelle, à dire quelques mots sur cette personnalité majeure, cet ami, cet être humain éveillé dont beaucoup ont su apprécier la sincérité, la bienveillance et la présence.

 

Marc de Smedt

 


 


01/09/2011
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